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Pourquoi on n’aime guère sa femme de ménage ?

Muriel Lefevre

À l’heure des chèques service, la femme de ménage n’est plus un luxe. Si pour beaucoup c’est une aide inestimable au confort de vie, peu sont ceux qui sont contents de leurs femmes de ménage.

Entre la personne qui nettoie et celle qui « regarde », ce n’est pas l’harmonie qui domine. On assiste souvent à une véritable cacophonie de plaintes et de mécontentements. Pour s’en convaincre, il suffit de s’en ouvrir autour de soi. Entre « elle/il oublie les coins » et « remet systématiquement tout de travers », c’est rarement le grand amour. Mais pourquoi donc ?

Malgré l’émancipation féminine et le partage plus juste des tâches ménagères (lui aussi souvent contesté par ailleurs), il semble que cette antipathie naturelle ne serait qu’un remugle d’une idéologie des années soixante qui voudrait qu’une femme parfaite se devait d’avoir un intérieur à sa hauteur, c’est-à-dire parfait. Et il paraissait évident qu’une telle perfection, elle ne le devait qu’à elle-même. La femme de ménage serait donc inconsciemment vue comme une concurrente, voire un aveu de faiblesse. C’est en tout cas la conclusion de Sjoukje Botman, docteur à l’université d’Amsterdam. Dans sa thèse présentée dans les colonnes du Standaard, elle décrit les relations conflictuelles qui existent entre la « maîtresse de maison » et sa « femme de ménage », expérience scientifique à l’appui.

La cause ne serait pourtant pas seulement à chercher du côté de cette image d’Épinal de la ménagère. On peut aussi y voir un signe de l’évolution des moeurs selon de Standaard. À notre époque on aurait de plus en plus de mal à assumer le fait d’avoir du personnel de maison. Il n’est pas rare que la personne « fuie » le domicile lorsque l’aide-ménagère arrive ou « prémâche » le travail pour atténuer une certaine culpabilité. Un sentiment qui est somme toute très moderne. Car au 19e siècle on ne se formalisait pas tant. La bonne faisait tout et on ne se mélangeait pas au « petit personnel ». C’était comme ça et cela ne scandalisait personne.

Les choses ont évolué en un siècle et les relations entre celui qui fournit un service et celui qui en profite sont devenues plus informelles. Un flou rendu encore plus difficile à cause du contexte dans lequel il prend place. Soit le sacro-saint domaine privé. La femme de ménage travaille dans notre sphère privée, c’est un fait. Une distance est donc nécessaire si l’on veut garder notre bulle intacte. Ou tout du moins l’illusion d’une inviolabilité.

Pourtant, empêtrés dans un sentiment de gêne, nombreux sont ceux qui n’arrivent pas à doser cette distance ou n’ose pas exprimer exactement ce qu’ils souhaitent. S’en suit une communication nébuleuse entrainant malentendus et frustrations.

La clé d’une relation harmonieuse avec celle ou celui qui s’occupe de faire blinquer votre chez soi, passerait tout simplement par des règles bien établies et une meilleure communication selon Familie Hulp qui emploie près de 3000 femmes de ménage en Flandre.

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