Olivier Maingain

Pourquoi deux députés ex-NVA s’acharnent-ils contre DéFI ?

Olivier Maingain Député fédéral et président de DéFI

DéFI a droit a sa dotation publique pour ses voix en périphérie bruxelloise. Toute privation est anticonstitutionnelle.

Madame Wouters et monsieur Vuye, députés ex-NVA, ont plaidé dans une tribune publiée dans l’hebdomadaire Knack et relayée sur le site internet du Vif/L’Express ce mardi 22 novembre pour que DéFI (ex-FDF) ne bénéficie pas du financement public pour les quelque 15.900 voix qu’il a recueillies dans l’arrondissement du Brabant flamand lors des élections législatives de 2014. Ce faisant, ces deux députés ne font que confirmer que malgré leur départ de la N-VA, ils restent des nationalistes intransigeants.

Quelle est l’origine de leur acharnement contre DéFI ?

Faut-il rappeler que la scission de l’arrondissement électoral de Bruxelles Hal-Vilvorde a signifié l’abandon pur et simple des dizaines de milliers de Francophones qui vivent dans les communes sans facilités de la périphérie bruxelloise, alors qu’ils sont aussi nombreux, si pas davantage, que ceux qui vivent dans les six communes à facilités. C’est une réalité qui a été volontairement oubliée par les quatre partis francophones (PS, cdH, MR et Ecolo) qui ont négocié la 6ème réforme de l’Etat. Ces partis n’ont même pas obtenu l’application de la convention-cadre sur la protection des minorités nationales au bénéfice de ces dizaines de milliers de Francophones du Brabant flamand.

Pour madame Wouters et monsieur Vuye, comme pour leur parti d’origine la N-VA ou encore le Vlaams Belang et quelques autres nationalistes extrémistes, la seule présence d’une liste francophone en Brabant flamand est insupportable.

Aux dernières élections législatives, DéFI a été le seul parti à déposer une liste en Brabant flamand avec la volonté de représenter et de défendre ces quelque 100.000 Francophones oubliés et soumis à de nombreuses discriminations, d’ailleurs condamnées par plusieurs décisions de justice, notamment au niveau européen.

Pour madame Wouters et monsieur Vuye, comme pour leur parti d’origine la N-VA ou encore le Vlaams Belang et quelques autres nationalistes extrémistes, la seule présence d’une liste francophone en Brabant flamand est insupportable. Leur est encore plus insupportable l’idée que conformément à la loi, le nombre important de voix recueillies par DéFI en Brabant flamand puisse être pris en compte pour le calcul de sa dotation au titre du financement public. Et ils entonnent leur traditionnel refrain nationaliste : pas d’argent flamand pour franciser la périphérie (sic). Voilà une interprétation malhonnête de la loi. D’abord, parce que le financement des partis – selon nous souvent dans des proportions exagérées (ainsi la N-VA récolte près d’un demi-milliard de francs belges par an au titre du financement public) – est à charge du budget de l’Etat belge et non de la Flandre. C’est donc l’impôt de tous les contribuables belges qui concourent au financement des partis politiques. Mais, de surcroît, la loi est claire. Il suffit pour un parti d’avoir présenté des candidats dans chaque circonscription électorale d’une communauté ou d’une région pour bénéficier du financement public.

DéFI a parfaitement répondu à cette exigence en étant présent non seulement en Région bruxelloise mais dans toute la Fédération Wallonie-Bruxelles et dans le Brabant flamand. Rien n’interdit évidemment à un parti, fortement implanté dans une communauté ou région, de présenter des candidats dans une circonscription d’une autre communauté ou d’une autre région. Une telle interdiction serait d’ailleurs anticonstitutionnelle.

Dès lors qu’un parti a été présent dans plusieurs circonscriptions électorales, il bénéficie, conformément à la loi, du financement pour l’ensemble des voix qu’il a obtenues dans toutes les circonscriptions où il s’est présenté. Mais madame Wouters, monsieur Vuye et tout l’arrière banc du nationalisme flamand ont toujours l’obsession d’ériger la frontière linguistique en future frontière d’Etat. Ce sont à tout le moins des confédéralistes, voire des séparatistes. Nous sommes des démocrates fédéralistes indépendants qui refusent et combattent leur nationalisme.

Trois des quatre experts mandatés par la commission de contrôle des dépenses électorales de la Chambre, ainsi que le service juridique du Parlement, ont confirmé que notre parti était éligible au financement public en prenant en compte les suffrages gagnés en Brabant flamand. Depuis des mois la commission parlementaire chargée de décider refuse de prendre attitude sous l’influence de la majorité gouvernementale.

Oui, les finances de notre parti sont modestes, depuis que le MR s’est réservé de manière inique une part du financement public qu’il devait aussi aux voix que nous lui apportions du temps de notre vie commune. En somme, Wouters, Vuye, N-VA et MR, même combat pour empêcher les démocrates élus que nous sommes de disposer d’armes égales pour défendre nos justes revendications face au nationalisme rétrograde et à sa conception de la suprématie du droit du sol sur le droit des gens.

Nous utiliserons toutes les voies juridiques pour faire respecter la loi mais notre plus précieux capital, c’est en définitive la confiance croissante des électeurs qui savent que nous sommes des responsables politiques et que nous tenons nos engagements.

Olivier MAINGAIN et Sophie ROHONYI (Présidente de DéFI Périphérie)

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