Meryem Kaçar et Dyab Abou Jahjah © Belga Image

« Pourquoi Be.One serait-il plus crédible que le PTB, le PS ou Ecolo? »

Niels Verdonck
Niels Verdonck Collaborateur Knack.be

Pour le professeur Marc Swyngedouw, Be.One, le nouveau parti de Dyab Abou Jahjah, a peu de chances de réussir. « Au niveau de l’égalité radicale, le terrain politique est déjà pris », déclare-t-il à notre confrère de Knack.

Marc Swyngedouw est professeur en sociologie politique à la KU Leuven, directeur de l’IPSO (Instituut voor Sociaal en Politiek Opinieonderzoek KU Leuven) et enquête sur l’intégration politique de minorités ethniques.

Comment évaluez-vous les chances de Be.One?

Très faibles. Notre étude à Anvers, Bruxelles et Liège révèle que les minorités ethniques sont très peu demandeuses d’un parti de minorités. Abou Jahjah dira qu’il est pour tous les électeurs, mais en pratique il cible les minorités ethniques. Je le vois surtout comme une prolongation de ses positions de 2003, quand il se présentait une liste conjointe de la Ligue arabe européenne et de PVDA+ sous le nom de RESIST à Anvers.

Le parti peut-il activer des non-votants de minorités ethniques ?

Il y a déjà eu des expériences de partis musulmans à Bruxelles et ces dernières n’ont pas eu de succès du tout. Il y a deux éléments qui expliquent pourquoi la situation ne risque pas de s’améliorer avec Abou Jahjah. La majorité des musulmans belges sont sunnites et dans le passé, Abou Jahjah a fréquenté le Hezbollah qui est chiite. En outre, il s’est très fort prononcé contre le président turc Recep Tayyip Erdogan, ce qui ne l’aidera pas à engranger beaucoup de voix auprès des Belges d’origine turque.

Et d’autres membres du parti? Comme Ercan Tok ou Meryem Kaçar?

Un politique ne peut réussir que s’il a un cadre à part entière autour de lui. Des gens comme Tok et Kaçar ont leurs sympathisants, mais il faut beaucoup de voix pour que les choses bougent vraiment.

Le parti ne doit pas compter sur les minorités ethniques à Bruxelles?

Je n’exclus pas que le parti obtienne un siège à Bruxelles. La plupart des minorités demandent une politique sociale qui s’attarde aux préoccupations de classes sociales défavorisées. En outre, il n’est ni radicalement de gauche ni radicalement religieux. Pourquoi ces minorités voteraient-elles soudain pour un parti qu’elles connaissent à peine si elles trouvent les mêmes positions au PTB-PVDA, PS-sp.a et Ecolo-Groen ? Je ne vois pas pourquoi Be.One serait plus crédible ou plus neuf que ces partis ?

Le parti ne peut-il pas aller chercher des électeurs dans d’autres partis de gauche?

S’ils soufflent des électeurs d’autres partis, ce sera au PVDA. Au niveau de l’égalité radicale, le terrain politique est déjà pris. En outre, tous les nouveaux partis doivent acquérir de la notoriété. Et pour cela, il faut des militants et des moyens et je doute qu’ils les aient.

Abou Jahjah a tout de même son Movement X (mouvement contre le racisme et la discrimination) ?

Oui, mais en 2003, personne n’a été élu à Anvers avec le cartel RESIST. À Anvers, le PVDA n’a commencé à réussir qu’une fois qu’il a choisi un cap plus modéré et misé davantage sur les thèmes sociaux. Pourquoi Be.One réussirait-il avec un programme qui prolonge le programme de 2003 ?

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire