© Anthony Dehez

Liège: d’où le Carré tient-il son nom ?

Quartier emblématique de Liège, le Carré est généralement présenté sous ses angles festif et commercial. Mais c’est aussi un lieu chargé d’histoire, dont les contours et les réalités ont évolué au fil des ans.

On l’appelle le Carré et pourtant, sa forme actuelle est plutôt celle d’un rectangle aux contours presque géométriques. C’est un tout petit périmètre, 5,15 hectares, en plein centre de Liège. Quelques rues parfois étroites qui offrent autant de contrastes étonnants entre activités de jour et de nuit, locaux vivants ou vitrines presque vides, enseignes haut de gamme ou bon marché, bâtiments bourgeois rénovés ou petites bâtisses défraîchies. La renommée du Carré dépasse largement les frontières de la Cité ardente, et pas seulement parce qu’il est festif ou parce qu’il défraie parfois la chonique. C’est l’un des plus anciens quartiers de la ville et on peut encore y admirer plusieurs constructions historiques comme la maison dite du Seigneur d’Amay (XVIe siècle), rue d’Amay, ou le bâtiment du XVIIe qui héberge le café L’Aquarelle, rue du Pot d’Or.

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L’appellation «Carré» serait toutefois seulement apparue au XIXe siècle, et à quelques encablures du périmètre qui porte aujourd’hui ce nom. Elle coïncide avec l’ouverture du passage Lemonnier (1939), dont le concept novateur a rapidement attiré les foules. Le public de la galerie a pris l’habitude de «faire le carré», comme on disait à l’époque, c’est-à-dire d’effectuer une promenade géométrique dans les rues aux alentours. Le Carré d’alors était ainsi composé des rues de la Cathédrale, de l’Université, Pont d’Ile et Vinâve d’Ile. La translation vers le quartier actuel s’est amorcée au début du XXe siècle, notamment lorsque la rue Pont d’Avroy fut élargie dans le cadre de l’exposition universelle de 1905. La fréquentation s’est alors déplacée vers cette artère et un nouveau Carré – l’actuel – a commencé à se dessiner tout autour avec, comme limites, le boulevard de la Sauvenière et les rues de la Casquette, du Mouton Blanc et Saint-Adalbert.

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Si la géographie a quelque peu changé au fil des ans, l’âme du Carré est presque toujours associée à la fête et au commerce. Dans un reportage télévisé des années 1960, signé Raymond Arets, le quartier est ainsi dépeint comme un centre névralgique de Liège où transitent toutes les manifestations de rue. On parle d’une sorte de «quartier latin», animé jusqu’aux petites heures par les étudiants mais aussi fréquenté quotidiennement par les Liégeois et, le week-end, par les citoyens de la périphérie qui viennent s’y délasser en profitant notamment des cinémas, music-halls et restaurants.

Un portrait finalement pas si éloigné de la situation actuelle et de la place si particulière qu’occupe le Carré dans le cœur des Liégeois. Mais il a mué et va encore évoluer, présentant aujourd’hui des visages fort différents selon les perspectives. Certains le voient avant tout comme une zone vivante et conviviale, d’autres comme un lieu dangereux la nuit ou comme une zone dont l’aspect festif prend le dessus au détriment de tout autre usage. Bref, le quartier bout par les virées et guindailles qu’il accueille autant que par les débats qu’il suscite.

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