"Il faudrait une approche européenne, et nous continuons de le plaider. Ce que nous avons fait ces derniers jours montre que cela marche", a déclaré M. De Croo.

La Belgique plaide pour une approche européenne vis-à-vis des otages en Iran

Après la libération de l’humanitaire Olivier Vandecasteele, l’exécutif belge a plaidé pour une approche européenne coordonnée à l’égard des otages en Iran.

La Belgique plaide pour une approche européenne à l’égard de l‘Iran et des otages européens qu’il détient. Tel est l’un des messages qu’ont lancés lundi le Premier ministre, Alexander De Croo, et les ministres de la Justice et des Affaires étrangères, Vincent Van Quickenborne et Hadja Lahbib devant les commissions des Relations extérieures et de la Constitution de la Chambre.

Les trois ministres se sont expliqués pour la première fois au parlement depuis la mise en oeuvre du deuxième et dernier volet de l’opération « Blackstone »: la libération de trois citoyens européens vendredi passé, une semaine après celle du Belge Olivier Vandecasteele.

Si ce dossier des otages -ils seraient encore 22 à être détenus en Iran- a souvent été évoqué dans des réunions européennes, il n’a en revanche jamais donné lieu à une initiative conjointe des 27.

« Il faudrait une approche européenne, et nous continuons de le plaider. Ce que nous avons fait ces derniers jours montre que cela marche« , a déclaré M. De Croo.

La Belgique a conclu un traité de transfèrement de prisonniers avec l’Iran pour négocier avec l’Iran la libération d’Olivier Vandecasteele, en échange du diplomate iranien Assadolah Assadi, condamné à 20 ans de prison en Belgique pour un projet d’attentat. Le texte a fait l’objet d’une vive controverse et n’a finalement pas été appliqué. Sa mise en oeuvre aurait pris trop de temps alors que deux ressortissants européens, à la double nationalité, avaient été exécutés récemment, et un troisième condamné à mort. Qui plus est, le texte ne pouvait s’appliquer aux trois autres ressortissants européens.

Finalement, le gouvernement a fait usage de l’article de la Constitution qui confie à l’exécutif la conduite des relations extérieures. « A la mi-mai, une fenêtre d’opportunité s’est présentée, nous l’avons saisie », a expliqué Mme Lahbib.

« Pas l’accord que voulait l’Iran »

Dans l’opposition, des voix se sont déjà élevées pour demander que le traité soit dénoncé. Dans la majorité, des interrogations se font aussi entendre.  « Allez-vous dénoncer le texte? Je pense que la question doit légitimement être posée », a dit Samuel Coglati (Ecolo-Groen).

Au MR, Denis Ducarme a également relayé cette préoccupation: « Faut-il abroger ce texte? Il y a un débat ici au parlement », a souligné le député qui s’était abstenu au mois de juillet sur ce texte. Le libéral, qui a siégé dans la commission d’enquêtes sur les attentats de 2016, a fait entendre une voix dissonante: « On ne peut pas être fier car nous avons dû libérer un terroriste« , a-t-il ajouté, mettant en balance le « devoir » de libérer un compatriote emprisonné en Iran avec la « honte » de cette libération.

Cette dénonciation ne semble pas à l’ordre du jour. Le ministre de la Justice a rappelé l’importance du traité qui a permis une négociation avec l’Iran. « Il fallait d’abord un accord (avec l’Iran) pour mener l’opération. Le traité est un instrument légitime qu’on pourrait éventuellement utiliser, sauf que la Cour constitutionnelle a mis des conditions et que l’Iran n’avait pas encore répondu à notre demande de transfèrement d’Olivier Vandecasteele« .

S’il s’est dit fier du fait que la Belgique ne laisse pas tomber ses concitoyens, le Premier ministre a insisté sur l’« humilité » qui l’habitait devant le choix qui a dû être fait pour obtenir la libération du travailleur humanitaire belge. « Mais ce n’est pas l’accord que voulait l’Iran. Ils voulaient un pur échange, nous avons obtenu un accord plus large« , a-t-il assuré.

Longtemps, les autorités belges ont tenté d’inclure le Dr Djalali, professeur à la VUB irano-suédois, dans l’accord mais l’Iran s’y est systématiquement refusé. Elles continueront toutefois à plaider sa libération, ont affirmé les trois ministres.

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