PS chairman Elio Di Rupo, PVDA - PTB spokesman Raoul Hedebouw, PVDA - PTB chairman Peter Mertens and Former Walloon Minister President Paul Magnette pictured during negotiations to form a new Walloon Government, Tuesday 11 June 2019 in Namur. Today a second round of meeting starts with the PTB. BELGA PHOTO BENOIT DOPPAGNE

Comment les partis politiques belges accumulent des millions pour sortir le grand jeu en 2024

Noé Spies
Noé Spies Journaliste au Vif

Les partis traditionnels belges reçoivent de moins en moins de subventions, ce qui laisse le champ libre à la N-VA, au Vlaams Belang et au PTB, notamment en termes de propagande. Tous tentent d’accumuler un maximum de recettes en vue des élections de 2024. Avec des méthodes différentes…

En 1999, les six partis traditionnels (chrétiens-démocrates, libéraux et socialistes) recevaient encore plus des trois quarts de toutes les subventions, selon les recherches des politologues Bart Maddens, Gunther Vanden Eynde et Jef Smulders (KU Leuven), et dont les résultats sont publiés par De Standaard. En 2021, ce chiffre était à peine supérieur à la moitié.

L’augmentation de la dotation totale se fait presque exclusivement dans les partis non traditionnels. Cela a des conséquences importantes. Pour la deuxième année consécutive, Vooruit a enregistré une perte de 1,8 million d’euros. Le CD&V a tout juste réussi à s’en sortir, tandis que Les Engagés, sans la manne exceptionnelle de la vente de leur siège social, sont également en déficit, écrit De Standaard.

Alors que les partis traditionnels dépensaient encore 27 millions d’euros en communication en 2003, ce montant est tombé à… 4 millions d’euros en 2021, selon l’étude. La raison de cette baisse drastique ? Les partis traditionnels consacrent une part beaucoup plus importante de leurs revenus au maintien de leur organisation, comme les frais de personnel, par exemple.

Conséquence directe, cela laisse le champ libre aux challengers dans le domaine de la communication politique. La N-VA dépense désormais plus en propagande qu’en personnel. Le parti reste également très attaché à la propagande classique, comme les tracts. Le Vlaams Belang le fait depuis longtemps, et dans une bien plus large mesure. Au PTB aussi, les dépenses de propagande sont très élevées, étaye le Standaard.

Les partis, des investisseurs actifs

Pas moins de 97 millions d’euros : c’est le montant des liquidités dont disposent les partis politiques belges, alors qu’en 2020, il était encore de 80 millions d’euros, révèle l’étude. Leurs actifs sont constitués de biens immobiliers, mais aussi d’investissements. Ainsi, on peut lire que la N-VA a investi 14,5 millions d’euros, Vooruit et Les Engagés près de 6 millions. Le Vlaams Belang, le PTB, Ecolo, Groen et Défi n’investissent pas.

Les années électorales sont invariablement des années où les partis dépensent beaucoup, mais compte tenu de la coïncidence des élections, souvent toutes regroupées sur une date, cela ne se produit plus aussi souvent. Les partis accumulent donc beaucoup de ressources en prévision des élections de 2024. L’année dernière, la N-VA, le PS et Vooruit ont mis de côté plus de 3 millions d’euros, le CD&V 4 millions et Les Engagés 5 millions. Les partis vont sortir le grand jeu lors des prochaines élections, selon les auteurs de l’étude.

Le PTB utilise une lacune légale

En Belgique, la grande majorité des revenus des partis provient du gouvernement, contrairement à d’autres pays. Les revenus provenant des cotisations des membres, des dons et des contributions des titulaires de mandats sont très limités ; seuls le PS et Ecolo font exception à cette règle.

Mais pour le PTB, la situation est complètement différente, note De Standaard. Non seulement les parlementaires versent des milliers d’euros par mois au parti, mais en 2021, il a récolté 2,2 millions d’euros grâce aux cotisations de ses membres. À titre de comparaison : pour l’Open VLD, ce montant était de 11.800 euros. Les dons aux partis sont limités par la loi, mais les cotisations des membres ne le sont pas, une lacune que la PTB utilise volontiers en faisant payer des cotisations (très) élevées aux membres les plus riches.

Du changement?

Le système de financement des partis va-t-il être réformé ? C’est ce que prévoit en tout cas l’accord de la Vivaldi, de manière plutôt cryptique. Cette année, les dons aux partis ne diminueront pas. Étant donné qu’aucune élection n’est prévue en 2022 et 2023, les actifs des partis devraient continuer à augmenter, selon l’étude.

En théorie, presque tous les partis sont favorables à la réduction des dons. Seul le PS, le plus grand parti au pouvoir, est contre. La question est donc de savoir si cela se produira ce trimestre. Au sein de la Commission parlementaire, des débats sont en cours sur une réforme du financement des partis. L’objectif est de procéder à des auditions de spécialistes après les vacances d’été.

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