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Patrimoine : les multiples formes de la gestion passive

Si le succès des fonds indiciels repose d’abord sur leurs faibles coûts, ce ne sont pas pour autant des produits au rabais. Au contraire, ils s’adaptent à toutes les situations et à toutes les bourses.

Aux Etats-Unis, les fonds dits passifs gagnent de plus en plus d’importance par rapport à des fonds gérés activement.  » En Belgique, les épargnants connaissent moins bien les trackers (ou fonds indiciels), mais se montrent très intéressés quand on leur explique le fonctionnement lors de nos infosessions « , pointe Geert Van Herck, stratégiste en chef chez Keytrade Bank. A la base, un fonds indiciel se contente de dupliquer un indice de référence, ce qui n’exige pas de véritable équipe de gestion.

 » Le succès des trackers s’explique avant tout par des coûts réduits, les frais des fonds indiciels les plus liquides n’étant que de 0,1 % ou 0,15 % par an « , selon Geert Van Herck.  » Ils garantissent aussi à l’investisseur d’atteindre un rendement comparable aux indices de référence, ce que ne parviennent pas à faire la grande majorité des fonds traditionnels sur une période de 5 à 10 ans.  »

Keytrade Bank a développé un service de gestion de patrimoine ayant uniquement recours à des trackers : Keyprivate. L’autre spécificité du service est la gestion robotisée.  » Le client remplit un questionnaire nous permettant de définir sa tolérance aux risques et ses besoins. Nous l’orientons ensuite vers un des dix profils d’investisseur de Keyprivate. Les capitaux du client sont ensuite répartis entre douze trackers ciblant différents marchés d’actions, d’obligations, l’or et les matières premières. La clé de répartition évolue en fonction des conditions de marché selon un algorithme balisé par le comité d’investissement de la banque.  »

Accessible à toutes les bourses

Ce mode de fonctionnement permet à Keytrade Bank d’offrir sa solution d’investissement dès 15 000 euros tout en affichant des frais compétitifs, surtout si on tient compte des coûts totaux englobant les frais pour la gestion et au sein des produits d’investissement.  » Que d’autres acteurs aient développé une offre comparable à la nôtre démontre que notre choix était le bon « , affirme Geert Van Herck. Même Bolero, la plateforme d’investissement du géant bancaire KBC, a lancé cette année son robot baptisé Matti. Le seuil d’investissement a été raboté à 1 000 euros. Dans la technique, l’algorithme de Bolero, comme celui de Keytrade Bank ou d’Easyvest, est basés sur la théorie moderne du portefeuille développée dans les années 1950 par l’économiste américain Harry Markowitz, lauréat du prix Nobel d’économie en 1990. Cette théorie postule notamment que les différents titres d’un portefeuille doivent être sélectionnés et pondérés selon leur corrélation, afin d’obtenir le meilleur couple risque-rendement possible.

Cependant, les services de gestion robotisée restent assez impersonnels, oeuvrant au travers de profils et fournissant pas ou peu de conseils en matière de structuration patrimoniale. La Deutsche Bank utilise pour sa part les ETF, un type de fonds indiciel, dans le cadre de ses solutions de gestion de patrimoine classiques.  » Les frais réduits et la facilité offerte par les ETF dupliquant des indices élargis constituent de précieux atouts  » explique Youssef Uriagli, responsable de la gestion de portefeuille.  » Dans le cadre de nos services de gestion de portefeuille discrétionnaire, dont certains sont accessibles à partir de 100 000 euros, cela nous permet d’investir de façon diversifiée et rapide dans des segments de marché que peu de fonds traditionnels parviennent à battre.  »

Les fonds indiciels sont aussi utilisés pour les patrimoines plus importants.  » En gestion privée, nous avons recours aux ETF pour les positions tactiques notamment. Ces prises de position sont souvent destinées à profiter rapidement des bonnes perspectives d’un marché spécifique, comme le secteur pharmaceutique américain ou les valeurs financières européennes, durant une période limitée. Passer par des positions individuelles serait plus coûteux et moins diversifié tandis qu’un fonds géré activement pourrait ne pas faire les mêmes choix de gestion que ceux que nous souhaitons.  »

Fonds indiciels… et durables

Les fonds indiciels s’adaptent à tous les types de gestions.  » Dans le cadre de nos fonds patrimoniaux durables, nous investissons également dans des ETF « , précise Guy Janssens, responsable des investissements durables et responsables chez BNP Paribas Fortis.  » Il s’agit d’ETF durables, ayant reçu le label Febelfin, qui nous permettent de nous positionner sur un marché en limitant les frais. Cela nous permet notamment de prendre des positions tactiques, par exemple si nous voulons momentanément surpondérer les actions américaines, sans que cela n’engendre trop de coûts.  »

A noter que la société Morningstar, spécialiste de l’analyse des fonds, publie un score de durabilité sur la base des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance pour chaque fonds classique ou indiciel. Le succès des fonds indiciels s’est aussi traduit par une explosion du nombre d’indices ciblant des marchés extrêmement pointus. Il existe ainsi même des ETF tentant de répliquer la performance de hedge funds dont les positions agressives sont l’antithèse de la gestion passive.

Investir seul ?

Gérer son portefeuille soi-même par le biais de fonds indiciels est plus simple qu’en investissant de façon classique. Vous souhaitez investir en actions ? Un ETF sur un indice boursier mondial comme le MSCI World peut vous offrir une exposition globale très simplement, un ETF se traitant en Bourse, à moindres frais. En matière d’obligations, un ETF vous permet d’acquérir un vaste portefeuille en une seule opération, sans être freiné par l’inaccessibilité de certains titres pour les particuliers. Vous devrez toutefois suivre vos investissements. Tout d’abord afin de veiller au maintien de l’adéquation entre votre portefeuille et votre profil de risques. Que les actions chutent ou s’envolent, vous devrez réajuster votre portefeuille, éventuellement procéder à des rééquilibrages entre ETF régionaux ou sectoriels. Ensuite, il est nécessaire de vous informer sur les produits, sur leurs structures, certains étant dits synthétiques impliquant une contrepartie dont on a vu, en 2008, qu’elle pouvait faillir. Surtout, ne perdez pas de vue l’aspect structuration patrimoniale. Ces conseils sont de plus en plus précieux au vu notamment de l’évolution de la fiscalité du patrimoine dans les différentes régions du pays.

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