© iStock

Pass sanitaire: comment Bruxelles se dirige vers la « méthode française »

Noé Spies
Noé Spies Journaliste au Vif

L’extension du pass corona à Bruxelles se précise. La capitale se dirige tout doucement vers l’adoption de la « méthode française », qui requiert le laissez-passer sanitaire pour l’accès aux bars ou restaurants, entre autres. L’idée, qui germe depuis plusieurs semaines, doit donner un coup de boost au taux de vaccination bruxellois, mauvais élève belge depuis le début, malgré les nombreuses compagnes de proximité. Reste à voir quels secteurs seront concernés.

Les chances de voir Bruxelles étendre l’utilisation du Covid Safe Ticket sont de plus en plus grandes. Plusieurs secteurs seraient particulièrement concernés par l’idée, comme le monde de la nuit ou l’Horeca. Et pour cause, la course à la vaccination n’avance pas aussi vite qu’espéré dans la Capitale. Avec 62% de la population entièrement vaccinée, la Région bruxelloise est en queue du peloton belge. A titre de comparaison, en Flandre, 90% de tous les adultes sont complètement vaccinés, 80% en Wallonie.

La rentrée scolaire et professionnelle, le variant delta toujours plus dominant, l’approche de l’automne, et les retours de vacances sont autant d’éléments qui, combinés au mauvais taux de vaccination, poussent Bruxelles à vouloir resserrer la vis.

Les campagnes de proximité: une bataille à contre-courant

Les différentes initiatives prises par Bruxelles (vacci-bus, vaccination en magasins, etc.) ne suffisent visiblement pas à fournir le boost nécessaire. Ce sont surtout les jeunes bruxellois qui ne sont pas convaincus par le vaccin, car 81% des plus de 85 ans sont complètement vaccinés, rappelle De Morgen. Le taux tombe à 38 % chez les 18-24 ans et chute même à 17% pour les 12-17 ans. A première vue, les nombreuses campagnes de proximité ne semblent pas influer le taux de vaccination général de façon conséquente. Un groupe semble impossible à atteindre: ceux qui sont convaincus de refuser le vaccin. Face à ces derniers, les nombreuses possibilités de vaccination ne changeront rien à leur décision.

C’est donc une bataille à contre-courant, et le ministre bruxellois de la Santé Alain Maron (Ecolo) en est conscient. « Nous essayons constamment d’évaluer si nous sommes sur la bonne voie », a-t-il déclaré. « Mais s’il n’y a pas d’amélioration en vue d’ici fin septembre, nous pouvons envisager d’étendre le Covid Safe Ticket. » Le ministre précise qu’aucune décision n’a encore été prise et que « Tout se fera en concertation avec les secteurs concernés. »

Désormais, de plus en plus de voix s’élèvent pour étendre l’utilisation du Covid Safe Ticket à davantage de domaines. Bruxelles se calquerait donc sur la « méthode française », qui a élargi le pass sanitaire pour une grande majorité de lieux de loisirs, de culture et de sport.

L’idée germe, phase post-fédéral dès le 1er octobre

« Nous voulons aider Bruxelles à permettre une utilisation plus large du corona pass », avait déjà annoncé la ministre de l’Intérieur Annelies Verlinden (CD&V) dans le journal The Appointment, fin de semaine dernière. Le ministre de la Santé Frank Vandenbroucke (Vooruit) a également déclaré dans ce même journal qu’il espérait que le gouvernement bruxellois « appliquera plus largement le corona pass. » Rudi Vervoot (PS) a également plaidé pour un Covid Safe Ticket élargi à Bruxelles.

L’idée, qui germe depuis plusieurs semaines déjà, est donc de plus en plus concrète. Des mesures régionales et ciblées semblent désormais acceptables, en fonction de la situation épidémiologique. D’une part, la commission corona prépare une évaluation de la situation pour une phase post-fédéral. D’autre part, des travaux sont en cours pour une mise à jour de l’accord de coopération entre le gouvernement fédéral et les régions afin de pouvoir intervenir au niveau régional à partir du 1er octobre. Autrement dit, à partir du 1er octobre, la Région bruxelloise pourra décider elle-même d’introduire un pass corona étendu si elle le juge nécessaire, indépendamment du fédéral.

Politiquement aquis, mais pour quels secteurs?

En France, malgré la forte protestation, la mesure semble porter ses fruits. Peu de temps après l’annonce de la mesure par le président Emmanuel Macron, des millions de Français sont allés se faire vacciner.

Chez les partis politiques bruxellois, l’idée mûri. Le MR réfléchit au laissez-passer, « car il peut éviter que des secteurs ne soient obligés de fermer ». Mais les libéraux espèrent toujours que d’ici octobre, la situation à Bruxelles s’améliorera. Si l’extension du pass semble politiquement acquise dans la Capitale, reste à savoir quels secteurs seront concernés.

Quoi qu’il en soit, l’idée est sensible. Et les protestations sont déjà bien présentes. Samedi, à Bruxelles, des centaines de personnes ont manifesté à Bruxelles contre le projet d’introduire un pass corona.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire