Mischaël Modrikamen s'est placé au coeur d'un réseau politique international, raflant au passage d'intéressantes subventions du Parlement européen. © Belga Image

Parti populaire, parti fantôme?

François Brabant
François Brabant Journaliste politique au Vif/L'Express

Cinq ans après sa fondation, six mois après l’entrée en piste de ses deux nouveaux députés, le parti de l’avocat Mischaël Modrikamen vivote. Avant de bientôt s’éteindre ? Pas sûr : le traumatisme post-Charlie pourrait favoriser son expansion.

Difficile d’évaluer le poids réel du PP, après cinq ans d’existence. Le parti revendique un peu plus de 2 000 affiliés, 130 sections locales. Aux élections de mai 2014, la récolte a cependant été modeste : un siège à la Chambre, un autre au parlement wallon. Luc Trullemans, ex-météorologue vedette sur RTL-TVi, n’a pas été élu député européen. Avec 79 586 voix, il s’est néanmoins classé en cinquième position au hit-parade de la popularité, tous partis confondus, devant Gérard Deprez (MR), Claude Rolin (CDH) et Philippe Lamberts (Ecolo).

Ce bilan mi-figue, mi-raisin, Mischaël Modrikamen le défend avec la même fougue que s’il plaidait en cassation. Les partis francophones se déclinent en trois catégories, argumente-t-il. « Deux poids lourds, PS et MR, qui oscillent entre 650 000 et 800 000 voix. Deux poids moyens, CDH et Ecolo, entre 200 000 et 300 000 voix. Et puis, trois acteurs émergents, le PTB, le FDF et nous. » En mai 2014, à la Chambre, 133 000 francophones ont voté pour le PTB, 121 000 pour le FDF, 103 000 pour le PP.

Le PP ne sera-t-il qu’une construction éphémère ? Demeurera-t-il dans la marginalité ? Ou est-il appelé à croître ? « Le parti est aidé par une actualité anxiogène, favorable aux thèses sécuritaires et aux discours de rejet, analyse Pascal Delwit, professeur de sciences politiques à l’ULB. Sur cette thématique-là, le PP est indéniablement le parti qui porte la parole la plus libérée. » Les attentats de Paris et le traumatisme post-Charlie, tout comme les atrocités de l’Etat islamique, pourraient donner aux discours de Mischaël Modrikamen un écho nouveau. L’intéressé l’a bien compris. Invité sur le plateau de Mise au Point, à la RTBF, fin janvier, il s’est fendu d’une charge musclée contre Didier Reynders. Le vice-Premier ministre MR y défendait le retrait de la nationalité pour les djihadistes belges, tout en précisant que la mesure avait une portée surtout symbolique. « Nous sommes en guerre contre le fascisme islamiste, a aussitôt attaqué le président du PP. Ce n’est pas du symbolique ! Il faut des mesures plus fortes. Si le sang coule à nouveau, n’aurez-vous pas, vous qui n’avez pas pris les mesures, une responsabilité là-dedans ? »

Paradoxalement, le principal obstacle à l’essor du PP pourrait être la droitisation du paysage politique. Le fait que la majorité fédérale soit dominée par les libéraux, après vingt-cinq ans de coalitions à participation socialiste, restreint l’espace d’expression pour une formation de droite dure. Pour preuve : à la Chambre, Aldo Carcaci, l’un des deux parlementaires PP élus de justesse en mai dernier s’abstient régulièrement, et quand il critique le gouvernement Michel, c’est le plus souvent pour regretter que celui-ci ne va « pas assez loin ».

Le dossier dans Le Vif/L’Express de cette semaine. Avec :

– Le bastion électorale du PP

– Un parti éphémère ?

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