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Nucléaire, stop ou encore? En sortir pourrait coûter 230 millions par an

Christophe Leroy
Christophe Leroy Journaliste au Vif

D’ici la fin novembre, le gouvernement fédéral doit décider si, oui ou non, la Belgique sortira du nucléaire. Si tel est le cas, ce sont bien les centrales au gaz qui pallieront en grande partie la fin de l’atome d’ici à 2025. La facture annuelle pourrait s’élever à 230 millions d’euros. Si l’hypothèse de maintenir deux réacteurs s’éloigne, certains partis et experts la défendent pourtant âprement. A raison ?

Le verdict est donc tombé le 31 octobre. La Belgique connaît désormais les résultats de la première enchère du mécanisme de rémunération de capacités (CRM). Celui-ci visait à identifier et subsidier les unités de production d’électricité qui s’engagent à pallier l’extinction progressive des réacteurs nucléaires de Doel et de Tihange d’ici à 2025. C’est sur cette base qu’Elia, le gestionnaire du réseau de transport d’électricité à haute tension, a publié la liste des quarante installations sélectionnées. Elles représentent une puissance installée de 4,4 gigawatts et devraient permettre de couvrir 59 % de la capacité initialement souhaitée – une seconde mise aux enchères aura lieu en 2024 pour attribuer le solde.

Sans surprise, ce sont les centrales à cycle combiné gaz qui produiront l’essentiel de notre électricité dans les prochaines années. Outre le maintien d’unités existantes, qui tourneront davantage à plein régime, deux nouvelles centrales au gaz, exploitées par Engie, pourraient voir le jour : l’une à Vilvorde (796 mégawatts), dans le Brabant flamand, l’autre aux Awirs (805 mégawatts), en région liégeoise. Au total, les turbines à gaz représentent 82 % de la puissance installée retenue, loin devant les centrales à cogénération, produisant de l’électricité et de la chaleur (8 %), des systèmes de gestion de la demande (6 %) et d’autres technologies (4 %).

Des incertitudes demeurent toutefois quant au projet de Vilvorde, puisque la province du Brabant flamand a refusé la demande de permis d’environnement et la ministre flamande de l’Energie, Zuhal Demir (N-VA), a décidé de ne pas l’octroyer non plus, son parti s’est montré particulièrement critique face à une transition énergétique basée sur le gaz. Si le projet des Awirs a, lui, obtenu le permis, il n’est pas exempt de recours potentiels. Dans les deux cas, il incombera à l’exploitant concerné, Engie, de proposer une alternative si les centrales venaient à ne pas voir le jour, a précisé Elia.

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A ce stade, les capacités retenues représentent un coût agrégé de 141 millions d’euros pour la première année, à charge des pouvoirs publics. Si les offres remises lors de l’enchère de 2024 se voyaient elles aussi financées à une telle hauteur, l’ensemble du mécanisme pourrait coûter quelque 230 millions d’euros par an. Une estimation néanmoins très imprécise, puisque trois quart des projets sélectionnés ne sont liés que par des contrats d’un an et que le coût moyen au mégawatts de la seconde enchère pourrait s’avérer supérieur.

Avant la fin novembre, la coalition Vivaldi doit prendre une décision opposant singulièrement libéraux francophones et écologistes : faut-il prolonger ou non, après 2025, deux des sept réacteurs nucléaires, à savoir Doel 4 et Tihange 3 ? L’accord de gouvernement prévoyait une telle éventualité dans le cas où les résultats de la première enchère du CRM laissaient augurer des risques en matière de sécurité d’approvisionnement ou d’une hausse démesurée de la facture. A cet égard, une étude de l’UGent a estimé que la fermeture de ces deux réacteurs n’alourdirait que de quinze euros la facture annuelle d’un ménage moyen. Vu l’ampleur de la transition énergétique espérée à l’horizon 2030, les modalités de la sortie de l’atome suscitent toutefois bien d’autres critiques qui, elles, plaident plutôt en faveur de sa prolongation partielle.

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