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Nucléaire : « Les intérêts économiques sont encore trop souvent privilégiés »

Dans « La Belgique et la bombe », Luc Barbé décrit les relations litigieuses que la Belgique a souvent entretenues avec des pays aux ambitions nucléaires, dont l’Iran, en privilégiant les intérêts économiques sur les enjeux de sécurité. Une attitude qui prévaut encore aujourd’hui, surtout en Flandre.

La Belgique a été trop laxiste dans l’exportation de son savoir-faire nucléaire et l’est encore aujourd’hui, surtout en Flandre, malgré sa politique officielle de lutte contre la prolifération. Tel est le constat dressé par Luc Barbé, auteur de l’ouvrage La Belgique et la bombe, du rêve atomique au rôle secret dans la prolifération nucléaire, qui sort ces jours-ci.

Certes, reconnaît Luc Barbé, les contrôles se sont affinés ces dernières années. Mais le dossier EPSI (la vente en 2005 par une société de Tamise d’une presse isostatique) ou la mise en cause de deux sociétés pour l’exportation présumée de zirconium et d’uranium appauvri témoignent que les relations dangereuses persistent avec l’Iran, qui est pourtant au centre de toutes les attentions de la communauté internationale pour son présumé programme nucléaire militaire.

Luc Barbé, ancien député Agalev (ex-Groen), répond aux questions du Vif.be.

Votre constat est-il que la Belgique a, dans l’industrie nucléaire, fait prévaloir les intérêts économiques sur les questions de sécurité internationale ? Est-ce encore le cas aujourd’hui ?

Oui. Certes, nos intérêts économiques n’ont pas toujours pris le pas sur les relations internationales, mais ils ont trop souvent été privilégiés. Ce constat est encore valable aujourd’hui. Les dossiers EPSI en 2006 et MSG Nordion en 2008 le démontrent.

Depuis l’immédiat après-Seconde Guerre mondiale, des instruments ont tout de même été mis en place pour améliorer le contrôle des exportations sensibles. Sont-ils inefficaces ?

La Commission d’avis pour la non-prolifération des armes nucléaires (CANPAN) travaille bien. C’est le cas aussi du service public fédéral Affaires étrangères et de la Sûreté de l’Etat, malgré le couac dans le dossier EPSI.

Deux éléments sont problématiques. D’une part, il faudrait mette en oeuvre un accord de coopération entre le fédéral et les Régions pour harmoniser les règles sur les autorisations et les licences d’exportation. Il y a une petite phrase, dans l’accord de gouvernement de septembre 2011, qui le prévoit. D’autre part, il y a le fait qu’en Flandre, les fonctionnaires privilégient systématiquement les aspects économiques d’un dossier. Il y a un accord tacite au sein du gouvernement flamand pour éviter le débat sur tout ce qui n’est pas considéré comme un  » gros dossier « . Chaque ministre bénéficie alors d’une grande autonomie. C’est le cas pour Kris Peeters sur la question des exportations sensibles.

G.P.

Lire le dossier complet dans Le Vif/L’Express de cette semaine.

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