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Nouvelles normes sonores plus strictes à Bruxelles

Dès ce mercredi, la région bruxelloise impose des normes plus sévères en matière de diffusion de son amplifié. Adoptées pour protéger la santé publique, elles concernent tous les établissements ouverts au public et vont de pair avec des mesures de protection auditive plus importantes.

Selon la nouvelle réglementation, le niveau maximum de son amplifié autorisé sera désormais de 85 décibels (dB). Ce nouveau seuil vise tous les établissements ouverts au public : magasins, cafés, restaurants, salles de concert, discothèques… Il concerne aussi les manifestations et évènements festifs ponctuels, qu’ils se déroulent en salle ou en plein air.

Le nouvel arrêté remplacera une législation datant de 1977, qui prévoit un seuil de 90 dB. Une limite « totalement inadaptée à la concurrence et à la musique actuelle, qui comporte beaucoup plus de basses fréquences et un volume de diffusion plus élevé » pointe la ministre de l’Environnement, Céline Fremault (CDH), dans un communiqué.

Le bruit est une préoccupation majeure pour les Bruxellois et représente une nuisance importante dans leur quotidien. En 2016, Bruxelles Environnement a reçu 267 plaintes relatives au bruit, dont l’une des premières causes (23%) est la diffusion de musique amplifiée lors d’activités en plein air, les concerts en extérieur étant de plus en plus fréquents à Bruxelles.

Deux exceptions à la règle

L’arrêté voté il y a un peu plus d’un an prévoit deux exceptions au seuil général des 85 dB. Sous certaines conditions de protection du public, des établissements pourront diffuser du son à 95 et 100 dB, soit les volumes maximaux autorisés par l’Organisation mondiale de la santé. L’exploitant du lieu doit alors informer le public du niveau sonore élevé et des risques qu’il comporte, ainsi que placer un appareil qui affiche ces valeurs en temps réel.

Dans le cas des établissements où le son atteint les 100dB, les exploitants sont en plus tenus de mettre à disposition du public un dispositif de protection auditif (type bouchons d’oreille) et une zone de repos (sous les 85dB).

Des adaptations nécessaires pour les exploitants

Si certaines salles sont déjà aux normes, comme l’Ancienne Belgique, d’autres établissements vont devoir s’adapter, au prix de frais conséquents. Notamment, pour acquérir un afficheur-enregistreur de niveaux sonores, un appareil qui coûte en moyenne près de 1500 €. Avec celui-ci, les exploitants devront également enregistrer les niveaux sonores les plus élevés et conserver l’historique de ces enregistrements afin de pouvoir gérer des litiges éventuels.

Les établissements diffusant de la musique après minuit devront pour leur part obtenir auprès de leur administration communale un permis d’environnement de classe 3, ce qui permettra d’établir une carte (géographique et volumétrique) des établissements diffusant du son amplifié.

Des contrôles seront organisés pour garantir le respect de cette nouvelle législation, prévient la ministre. De son côté, le public pourra dorénavant s’informer au préalable en consultant simplement les tickets et affiches d’un évènement où seront indiqués les niveaux sonores moyens pratiqués.

En Flandre, une législation similaire existe depuis 2012, tandis qu’en Wallonie, la règlementation date de 1977 et la limite est fixée à 90 dB, sans exception.

Impacts sur la santé : les jeunes particulièrement touchés

Ces nouvelles normes relèvent d’un réel enjeu de santé publique. En effet, une exposition prolongée à un niveau sonore élevé entraine certaines nuisances et provoque des dommages sur l’audition, parfois irréversibles. Les dangers proviennent donc à la fois de l’intensité sonore et de la durée d’exposition.

Une des atteintes les plus répandues à la capacité d’audition sont les acouphènes, cette sorte de bourdonnement que l’on entend « à l’intérieur » de notre oreille. « Près de 90% des jeunes adultes de 18 à 25 ans ont éprouvé au moins une fois un acouphène passager après exposition sonore intempestive », a indiqué la ministre bruxelloise de l’Environnement et de la qualité de vie. « Et près d’un d’entre eux sur six (14.8%) présente déjà un acouphène permanent témoignant de lésions auditives installées et irréversibles. » Au total, ce sont « 10 % des moins de 25 ans qui présentent déjà une perte auditive pathologique ». Pourtant, seule une minorité des jeunes (environ 10%) prend des mesures de protection adéquates.

Le décibel est l’unité qui rend compte de la puissance sonore. Il permet de mesurer les bruits entre le seuil d’audibilité et le seuil de douleur. Plus la mesure est élevée, plus l’exposition est nocive :

  • Une conversation à voix basse = 30 dB
  • Une machine à laver = 50 dB
  • Une tondeuse ou une alarme = 90 dB
  • Des concerts et boîtes de nuit = 110 dB
  • Les sirènes des véhicules d’urgence = 120 dB
  • Un décollage d’un avion = 140 dB

Oriane Renette.

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