© VALENTIN BIANCHI/HANS LUCAS

Nous nous sommes glissés dans la roue de Jean-Marc Nollet

Nicolas De Decker
Nicolas De Decker Journaliste au Vif

Jean-Marc Nollet multiplie les visites d’entreprises et les réceptions de mémorandums. Nous avons suivi le coprésident d’Ecolo et tout est vrai.

Durant sept semaines, focus sur un parti francophone en lice pour le scrutin du 26 mai prochain. Cette semaine: Ecolo.

Il est tôt mais il est matinal et il est espiègle, et puis ils se sont déplacés rien que pour lui. Alors il les a fait venir à 7 h 30 dans un hôtel de la banlieue nord de Charleroi,  » et qu’ils ne viennent pas se plaindre de la Wallonie qui se lève tôt « , qu’il dit des dirigeants de l’Union wallonne des entreprises qui voulaient lui présenter leur mémorandum pour les élections, et qu’il attend en commandant un premier earl grey. C’est Jean-Marc Nollet et il est coprésident d’Ecolo alors que tout le monde lui en voulait en 2014, et aujourd’hui qu’il est dans les cinq hommes politiques les plus populaires de Wallonie et qu’il débat en tête-à-tête avec Bart De Wever, il ne faut plus venir l’emmerder, surtout pas ceux qui se lèvent très tôt rien que pour lui. Il ne faut pas l’emmerder mais une fois qu’ils sont partis et qu’il se commande un troisième earl grey en montrant sur son gsm une invitation rien que pour lui à rencontrer le nouveau président de la République démocratique du Congo, il se lève et s’éloigne en disant  » Attendez c’est Zakia  » dès que son téléphone se met à vibrer rien que pour lui.

Ils se sont déplacés rien que pour lui. Mais il est espiègle…

Après, il sort de l’hôtel, il monte dans sa Megane bleu foncé et il colle son gsm au tableau de bord, et il lance le gps et l’interview de Marie-Martine Schyns sur Bel RTL, qu’il a ratée parce qu’il était avec les gens de l’UWE qui étaient venus rien que pour lui. Il arrête sa Megane devant la gare de Jemeppe-sur-Sambre, pour embarquer un photographe qui le suit rien que lui plusieurs jours par semaine depuis son élection à la coprésidence, en novembre dernier, jusqu’aux élections de mai prochain, et qui ne l’a plus vu depuis quelques jours, après le débat contre Bart De Wever, le 3 avril.

Nous nous sommes glissés dans la roue de Jean-Marc Nollet
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Et il entre, avec sa Megane et son photographe, dans l’ancienne usine Solvay de Jemeppe, qui s’appelle Inovyn maintenant. Dans la guérite à l’accueil, un monsieur qui travaille pour Elia lui demande comment il est vraiment Bart De Wever. Il répond  » très froid  » et il sourit, lui, avant d’accompagner la directeur de l’usine dans son bureau, où se trouve toujours une photo d’Ernest Solvay. Le directeur lui explique rien qu’à lui que son usine fait partie d’un groupe anglais champion de la pétrochimie, et Jean-Marc Nollet qui a déjà mangé deux petits biscuits lui demande pourquoi avoir installé une unité de cogénération de 100 mégawatts, et le directeur lui répond que les assets de l’époque étaient un peu vieillots et puis que c’est du saving au niveau économique et environnemental.

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Après ça, il met des chaussures de sécurité et un casque, et il suit un ingénieur pour faire le tour de l’usine, puis il revient dans le bâtiment de la direction où on a dressé rien que pour lui un petit buffet très chouette.  » Alors, on va faire honneur au buffet, qu’est-ce qui vous ferait plaisir ?  » lui demande le directeur, et lui il prend son gsm et s’éloigne un peu parce qu’il a une petite urgence. Une fois sa petite urgence réglée il dit  » alors les journalistes, on va faire honneur au buffet ?  » et il prend un sandwich mou au saumon fumé. Il discute avec le directeur qui lui dit qu’à la journée portes ouvertes viendront Paul Magnette et Maxime Prévot, et que ça serait bien qu’il soit là lui aussi, pour une visite moins exhaustive mais ne serait-ce qu’une petite heure, et lui il dit en croquant dans sa pomme qu’il ne peut rien promettre parce que venir avec les autres ça l’intéresse moins et puis il s’en va.

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« Mais qui êtes-vous, vous ? »

Avec sa Megane et son photographe il arrive à Charleroi, rue Lebeau, au siège de la régionale, où il monte en courant pour relire les flyers juste avant leur impression.  » T’as mis un éditeur responsable ?  » il demande au secrétaire politique, Vincent Debruyne.  » Ouais, là, dans le coin, en petit…  » lui dit Vincent Debruyne en souriant.  » Han, c’est moi « , il répond, parce que c’est lui l’éditeur responsable. Après il court dans son bureau au dernier étage pour montrer son maillot du Sporting local vert fluo et un bureau juste à côté qui vient d’être retapé.  » Ça, ce sera pour mettre les futurs députés « , il dit, puis il descend en courant, sort et se jette dans sa Megane bleu foncé avec son photographe, qui le suit rien que lui mais qui parfois a du mal.

Après ça, c’est sa Megane qui part en courant vers Neufvilles, dans le Centre, où siège Nekto, une entreprise de travail adapté qui emploie presque 300 travailleurs. Tous les candidats sont invités à visiter Nekto un peu plus tard dans la campagne, mais lui il le fait tout seul et avant tout le monde, parce que c’est lui et parce que la fédération des entreprises de travail adapté veut lui présenter son mémorandum électoral. Il entre par l’accueil et il dit à la dame qui est à l’accueil qu’il vient pour une visite de l’entreprise et la dame lui dit  » d’accord mais qui êtes-vous ? « , et  » et vous venez d’où comme ça ? « , mais avant qu’il ne puisse répondre les responsables de la fédération et le directeur de Nekto arrivent pour l’amener dans une salle, à côté du réfectoire, où il peut se faire présenter le référendum en buvant une infusion et en mangeant des petits biscuits Delacre.

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Les bons sandwichs

Mais avant ça, le directeur de Nekto avait bien fait rire ses collègues en montrant un graphique avec les démarches environnementales entreprises par Nekto, et en leur disant  » oui je ne sais pas pourquoi j’ai voulu insister sur cet angle-là pour une fois « , comme si ce n’était pas rien que pour son invité. Puis l’invité fait  » bien, on va voir ça ? « , et il fait le tour des ateliers, la peinture, le repassage, le call centre, le jardinage, la menuiserie et surtout l’emballage, et une travailleuse qui emballe des rasoirs Gillette le reconnaît parce qu’ils ont mangé des sandwichs, avec sa maman, après une émission de RTL, un dimanche, et il lui dit  » hein qu’ils étaient bons les sandwiches hein oui ? « , et elle dit que oui, il n’y a qu’elle qui l’a reconnu mais tout de même ce n’est pas n’importe qui puisqu’on lui a organisé une visite rien que pour lui.

Il est seulement 17 heures quand il sort de Nekto et normalement on devait le suivre du matin au soir, mais en remontant dans sa Megane bleu foncé il dit qu’il va déposer le photographe qui le suit rien que lui à la gare, parce que pour le soir ça n’ira pas parce qu’il a quelque chose à faire dont il ne veut pas qu’on sache quoi que ce soit. Ça doit être quelque chose à faire qui n’est pas rien que pour lui.

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