Molenbeek : une motion ouvre la voie au port de signes convictionnels dans l’administration communale

Votée au conseil communal de Molenbeek, une motion ouvre la voie à la neutralité inclusive autorisant le port de signes convictionnels dans l’administration communale.

La commune de Molenbeek se profile plus que jamais comme le laboratoire socio-multiculturel qu’avait voulu en faire Philippe Moureaux, son ancien bourgmestre (PS). Le règlement de travail des agents communaux, qui aurait autorisé le port de signes convictionnels- en d’autres termes, le voile islamique-, n’a pas été modifié lors de la séance marathon d’hier : il n’était pas à l’ordre du jour, contrairement à ce qu’aurait pu laisser croire la mobilisation médiatique et associative de la veille. Le point, qui a été abordé à 2 heures du matin devant une salle vide et en l’absence de beaucoup de conseillers, portait, à la base, sur une motion rappelant l’attachement de la commune à la « neutralité » et à la « non-discrimination ».

Sous la pression d’élus issus de la diversité, ultra-majoritaires dans le groupe PS-SP.A et, notamment, de la socialiste flamande Saliha Raiss, ancienne chef de cabinet de Fouad Ahidar au parlement de la Région de Bruxelles-Capitale, la bourgmestre, Catherine Moureaux (PS), a cédé. Le chef de groupe du PS, Jamal Ikazban, a présenté une motion modifiée qui peut être interprétée comme un feu vert à la neutralité inclusive autorisant l’extériorisation de ses opinions et appartenances. La motion réclame « une approche ouverte et pratique de la neutralité dans le service rendu aux(x) citoyen.e.s molenbeekois.e.s par l’administration communale ». Sous-entendu : la neutralité s’appliquerait aux actes posés par les fonctionnaires » et non à leur apparence de neutralité.

« De la neutralité à la carte »

La motion réécrite en dernière minute par la bourgmestre a été votée par le groupe PS-SP.A, Ecolo et les partis d’opposition CDH et PTB qui s’apprêtaient à présenter de leur côté une motion prônant la « neutralité inclusive » qui aurait pu bénéficier d’une majorité alternative. Il y a eu deux abstentions et huit « non », dont ceux des conseillers MR, y compris la première échevine, François Schepmans. Cette dernière regrette la priorité donnée à ce sujet, alors que Molenbeek, la commune la plus touchée par le Covid-19 en Région de Bruxelles-Capitale, est en grande urgence sanitaire et économique. « Je souhaite que la Région prenne la main sur ce dossier, déclare-t-elle au Vif/L’Express. Je ne peux pas imaginer qu’on fasse de la neutralité à la carte et que Molenbeek sorte une fois de plus du lot, alors que j’aspire à ce qu’elle devienne une commune comme les autres. Je déplore aussi le mélange des genres qui associe le combat féministe à la défense de l’islam et des signes religieux, tout en comprenant qu’il puisse y avoir des sensibilités différentes sur ces questions qui méritent un débat serein et solidaire. »

La motion est contraignante. En effet, le groupe de travail qui devra être mis sur pied pour faire des suggestions de modification au règlement de travail des agents communaux doit rentrer « un premier rapport et avis au conseil communal avant le 1er janvier 2021″.

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