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Michel, otage ou bénéficiaire de la rivalité CD&V-N-VA ?

Sociaux-chrétiens et nationalistes flamands sont à couteaux tirés au sein du gouvernement fédéral. Attention, danger pour la suédoise ? Pas dans l’immédiat. Le Premier ministre démine et le MR engrange.

Deux partenaires de la coalition, la N-VA et le CD&V, sont à couteaux tirés sur chacun de ces chantiers et multiplient les incidents, les sorties rageuses et autres revendications pressantes. Le navire gouvernemental tangue. Au détriment du MR ? Pas forcément. Il tirerait même profit de ce bras de fer intra-flamand. « Même si Charles passe beaucoup de temps à être le Premier ministre des partis flamands », ironise un de ses collègues de parti.

Le contexte, pourtant, est délicat. « Depuis le début de l’été, on sentait le CD&V mal à l’aise en s’embarquant dans cette coalition trop à droite, souligne un haut responsable libéral, qui a participé aux négociations depuis le début. Maintenant, il a compris qu’il avait une carte à jouer en incarnant le visage social du gouvernement. » Ce commentaire en dit long sur le malaise qui ronge le parti social-chrétien flamand, dramatiquement passé sous la barre électorale des 20%, et désormais en proie à une agitation sans précédent pour exister face à l’ogre N-VA.

Voilà pourquoi au sein de la suédoise, le CD&V cherche à cultiver son image « centriste », pour se démarquer, quitte à donner le sentiment d’avoir un pied dans la majorité, un autre en-dehors. Contrairement aux stéréotypes qui circulent du côté francophone, la N-VA n’est toutefois pas le parti le plus problématique au sein de la majorité. « Souvent, Charles dit : ‘Si tous les vice-Premiers pouvaient aussi être loyaux que Jan Jambon (NDLR : vice-Premier N-VA), cela se passerait mieux’, épingle un membre du Conseil des ministres. Franchement, la N-VA joue de façon parfaitement loyale le jeu de la coalition et de l’accord. Que Bart De Wever s’exprime de temps à autre en dehors du gouvernement, c’est normal. Ceux que l’on sent moins, c’est Theo Francken (NDLR : secrétaire d’Etat à l’Asile et la Migration), qui se contente de quatre mots au Conseil des ministres pour défendre ses dossiers, et la ministre flamande Liesbeth Homans : celle-là et ses provocations, bof… »

Le CD&V, par contre, inquiète. « Parfois, Kris Peeters (NDLR : vice-Premier ministre) surdose un peu, prolonge une autre source proche du 16. Sa récente promenade avec son épouse à Anvers pour faire du shopping et montrer que la situation est sûre était un pied-de-nez à Bart De Wever. De même, son mail envoyé à la section du CD&V anversois pour demander à tous ses membres de protester contre les paras dans les rues allait un peu trop loin. » Certains n’hésitent pas à avouer que s’ils respectent l’homme, ils considèrent Kris Peeters comme l’élément le plus fragile de la coalition. Il resterait meurtri d’avoir vu le poste de Premier ministre lui échapper.

L’analyse faite par la garde rapprochée du Premier ? « En réalité, explique un ministre MR, les incidents impliquant les partis flamands sont intéressants parce qu’ils montrent que nous ne sommes pas un problème, mais la solution. Cela cadre bien avec notre profil de parti qui ose prendre ses responsabilités. »

Pour l’heure, le Premier ministre ne serait donc pas l’otage du bras de fer CD&V/N-VA. Au contraire, il en bénéficierait. Ce sera vrai aussi longtemps… que la température entre partis flamands restera à un niveau gérable. Il suffirait d’une crise gouvernementale ou une N-VA affaiblie et provocatrice pour que le MR retrouve l’angoisse des kamikazes.

Le dossier dans Le Vif/L’Express de cette semaine

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