Vincent Genot

Mgr Léonard prouve que les Femen sont solubles dans l’eau bénite

Vincent Genot Rédacteur en chef adjoint Newsroom

Issu d’Ukraine occidentale et porté par des femmes qui fréquentaient les cercles marxistes à l’adolescence, le mouvement Femen a fait des émules partout en Europe. Hier soir à l’ULB, les membres de la branche belge ont fait la démonstration des limites de la contestation topless.

Comme Act-Up en son temps, les Femen ont fait de la provocation visuelle leur marque de fabrique. Quand elles déboulent seins nus devant les caméras de télévision, elles le font sans nuance. L’action doit être vue, quitte à perdre une partie de la revendication dans la démonstration. Mais que voulaient-elles exactement dénoncer, hier soir à l’ULB, en aspergeant d’eau bénite Mgr André Léonard, l’archevêque de Malines-Bruxelles ? Aux cris de « Léonard y’en a marre », « Stop Homophobia » ou encore « God saves the gouines », les quatre femmes voulaient pointer du doigt des propos tenus par Mr Léonard et qu’elles estiment être à caractère homophobe… « Aujourd’hui, jour de légalisation du mariage gay en France, les Sextrémistes de la branche belge de Femen ont attaqué l’un des principaux colporteurs de l’homophobie en Europe, peut-on lire sur le site officiel de l’association. L’archevêque Léonard a été attaqué durant une conférence sur le blasphème alors qu’il s’apprêtait à répandre ses messages de haine… Femen persiste et signe : la violence de la propagande religieuse est incompatible avec les droits des femmes, incompatible avec l’existence d’une société libérée. »

Fort bien, mais ce que l’on retient surtout de cette action, c’est quatre furies s’excitant autour d’un Mgr Léonard qui attend sagement que l’ondée passe. Impassible, il prendra juste la peine de mettre sa montre à l’abri de la pluie d’eau bénite. Du message de haine supposé de l’archevêque, on n’apprendra rien puisque celui-ci a été interrompu. Dans cette action, les activistes de Femen donnent l’impression d’une totale improvisation. Plus pénible encore, elles semblent avoir oublié les critiques qui ont suivi la destruction par les flammes d’un drapeau salafiste devant la Grande Mosquée de Paris. Une action qui a suscité plus d’indignation que d’admiration, mais qui a surtout été jugée inappropriée et contre-productive par la jeune Tunisienne que le mouvement était supposé soutenir.

En s’agrandissant à travers l’Europe, le mouvement de protestation des Femen semble avoir perdu une partie de son énergie révolutionnaire au profit d’une sorte de grand défoulement récréatif. Avec leur caricature du combat pour l’égalité des genres et leur message réducteur, les Femen belges ont surtout donné l’impression de rechercher une visibilité médiatique pour elles-mêmes et pour leur mouvement. Elles renforcent l’idée défendue par la journaliste française Mona Chollet, qui souligne que « l’intérêt médiatique pour les Femen s’avère parfaitement compatible avec l’antiféminisme le plus grossier ». Pas certain que c’était le résultat escompté par les fondatrices du mouvement qui, dans la première moitié des années 2000, se rassemblaient régulièrement dans une cour d’immeuble pour lire « Le Capital » de Marx…

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