Métro 3 à Bruxelles : Une fausse bonne idée
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Métro 3 à Bruxelles : pourquoi le maintien du projet serait une fausse bonne idée

Le chantier de la ligne de métro 3 s’embourbe lentement sous le poids des surcoûts, estimés désormais à près de 3 milliards d’euros. Un projet qualifié par certains de « structurant » pour la ville qui divise aujourd’hui le gouvernement bruxellois. Mais de tels surcoûts sont-ils seulement envisageables pour le gouvernement Vervoort, dont le déficit atteint déjà des sommets ? Analyse avec Maxime Fontaine, chercheur en finances publiques à l’ULB.

La question taraude depuis mardi : qu’adviendra-t-il du chantier de la ligne de métro 3 ? Alors que le sujet divise le monde politique, les membres du gouvernement bruxellois se réunissaient jeudi pour accorder leurs violons. Ils se sont finalement tournés vers la Vivaldi pour demander une aide financière. Rudi Vervoort déclarait ce matin au micro de nos confrères de BEL RTL vouloir « challenger les offres », réitérant sa volonté de concrétiser le métro 3. C’est que le budget est colossal : entre 2,5 et 3 milliards d’euros, soit trois fois plus qu’initialement prévu, alors que le permis pour la partie nord du chantier n’a pas encore été délivré. Parmi les quatre scénarios à l’étude, le maintien du chantier dont les surcoûts seraient assumés par la région. « Tout est question de choix politique qui seront posés, si la région Bruxelles-Capitale estime que c’est sa priorité, c’est viable, lance Maxime Fontaine, chercheur en finances publiques à l’ULB. Ce choix s’inscrit dans un contexte où les finances publiques ne sont pas bonnes ».

Bruxelles-Capitale, la région au déficit le plus important

Les finances publiques bruxelloises, déjà mauvaises, risquent de devenir catastrophiques si le projet est maintenu. Le déficit à Bruxelles (qui est d’ailleurs la pire région en la matière) ne cesse de progresser et pourrait faire un bond sous l’impulsion d’un nouvel emprunt pour financer le métro 3. La raison : la hausse des taux d’intérêt. « Avant, la région empruntait à 0% ou à -0,5%,  donc cela avait donc moins de conséquences, explique Maxime Fontaine. Aujourd’hui, elle emprunte à 3,2% sur 10 ans et ce taux ne cesse d’augmenter. » .

Des mesures vont donc devoir être prises pour combler ce déficit. « Il y a deux options, soit la région augmente ses recettes, soit elle diminue ses dépenses en essayant d’identifier ce qui n’est pas nécessaire », détaille le spécialiste. C’est là qu’intervient le métro, il faut se demander si un projet comme celui-là est réellement le meilleur, dans un contexte financièrement risqué pour la région ».  

Un jeu qui n’en vaut pas la chandelle

Pour Maxime Fontaine, la réponse est clairement non. Outre l’aspect financier, le projet du métro 3 dans la partie nord de Bruxelles pose plusieurs problèmes. D’abord environnementaux : « Couler des milliers de tonnes de béton dans le sol, c’est quelque chose qui ne sera jamais rattrapable, constate-t-il. C’est un coût environnemental énorme qui ne sera pas compensé par la diminution du nombre de voitures que pourrait entrainer le métro. On ne parle jamais de ce problème. »

Ensuite des problèmes techniques : les travaux prévoient qu’un tunnel soit creusé à plus de trente mètres de profondeur. « Ce projet est très compliqué d’un point de vue technique parce que Bruxelles est construite sur des marais. On savait que quand on allait commencer à creuser, il y allait avoir des problèmes, mais la STIB et la région bruxelloise l’ont ignoré, détaille le chercheur en finances publiques. Cela concerne la partie nord du chantier, après l’arrêt gare du nord. Les investissements qui ont déjà été faits étaient nécessaires, ce n’est pas là qu’est le problème. »

« Est-ce cet argent ne serait pas mieux investi dans l’isolement des bâtiments, pour réduire leur empreinte carbone, ou dans l’accroissement du parc de logements sociaux à Bruxelles, plutôt que dans sept nouvelles stations de métro ? », questionne le chercheur. D’après lui, le projet a plus de points négatifs que de points positifs et suscite trop d’incertitudes. « Une autre question que je me pose, c’est pourquoi s’attache-t-on autant au métro ? Alors que d’autres investissements pourraient être plus bénéfiques pour la région. » 

Quelles solutions sur la table ?

Plusieurs solutions sont à l’étude, comme un éventuel partenariat avec le un privé, rapidement balayé par Ecolo, ou la construction d’un « pré-métro + », rejeté cette fois par le Groupement des Usagers des Transports Publics à Bruxelles (Gutib). Ce projet qui divise profondément continuera d’être investigué par l’exécutif Bruxellois dans les prochaines semaines, qui rendra ensuite une décision concernant l’avenir du métro bruxellois.

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