Maxime Prévot. © hatim kaghat

Maxime Prévot (cdH) évoque les défis qui attendent sa ville: « Trop de Namurois considèrent que rien ne doit changer »

Pierre Jassogne
Pierre Jassogne Journaliste Le Vif/L’Express

Depuis 2012, Maxime Prévot incarne le visage de la capitale wallonne. Le bourgmestre évoque les défis qui attendent sa ville.

Le statut de Namur-capitale n’est plus remis en cause. Reste-t-il à envier ?

Il a été une formidable occasion pour la ville d’accueillir de l’activité économique essentiellement tertiaire, de devenir un pôle décisionnel affirmé, au gré des réformes de l’Etat. La capitale a le devoir de soutenir et s’émerveiller de ce qui se fait de bien ailleurs sur le territoire wallon, mais le reste de la Région a le devoir de se féliciter de l’essor de sa capitale.

Votre ville connaît un dynamisme sans précédent, avec une série de projets urbains importants. Le plus symbolique étant celui de la Confluence.

Il manquait des infrastructures plus conséquentes, des projets plus structurants pour asseoir davantage dans les faits et les actes le statut de capitale. Qui ne doit plus être une belle endormie mais une véritable locomotive du développement du territoire wallon. Tourisme, culture, smartcity sont des leviers de développement majeurs, et Namur présente de très nombreux atouts en la matière.

Ce réveil est-il dû à l’accroissement des moyens financiers de la Wallonie à l’égard de sa capitale ?

J’y ai veillé quand j’étais ministre : Namur n’avait jamais eu droit à un certain nombre de subsides, au motif que ses indicateurs socio-économiques étaient meilleurs que ceux de Liège ou Charleroi. Une logique qui a ses limites : une Région qui gagne est attentive aux zones en difficulté mais veille aussi à ne pas freiner l’élan des zones qui sont des locomotives économiques. Ce qui m’irrite, c’est de constater l’importance des déficits de Charleroi et de Liège, et le secours financier quasi automatique apporté par la Wallonie. On a le sentiment qu’il y a deux poids, deux mesures : la Région impose le retour à l’équilibre dans les communes à l’exception de Liège et de Charleroi. Objectivement, la taille des villes ne peut à elle seule justifier ces déficits structurels. Il y a un vrai enjeu de justice financière entre les communes toujours pas rencontrée.

Votre parti, le CDH, a fait le choix de l’opposition. Vous ne craignez pas des répercussions négatives sur le développement de Namur ?

Un gouvernement, quel qu’il soit, a le devoir de témoigner un souci particulier pour sa capitale et son développement. Namur est l’une des plus belles cartes de visite pour la Wallonie à l’international. On ne peut pas se permettre uniquement d’avoir des moyens financiers en fonction ou non de la présence d’un relais ministériel namurois. Plus que jamais, il y a cette nécessité d’incarner la pluralité des territoires et d’être vigilant à chacun.

L’autre défi est de créer un véritable sentiment d’appartenance et de fierté des Namurois à l’égard de leur ville et de la capitale…

Trop longtemps, ils ont vu la présence des institutions régionales comme une contrainte. Peu à peu, ils ont compris que c’était un atout majeur. Ce sentiment de fierté est beaucoup plus présent qu’il y a quinze ans. La Ville y travaille avec d’autres acteurs locaux. Mais dès qu’un projet est sur la table, il y a une levée de boucliers parce que trop de Namurois considèrent que rien ne doit bouger. Cette peur du changement est, selon moi, la difficulté majeure à laquelle la capitale wallonne est confrontée.

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