Maxime Prévot, bourgmestre de Namur (CDH) © BELGA

Maxime Prévot, bâtisseur ou mégalo?

Christophe Leroy
Christophe Leroy Journaliste au Vif

Avec plusieurs dizaines de projets urbains validés pour les cinq prochaines années, Namur se dirige vers un marathon de chantiers. Maxime Prévot en fait-il trop? La méthode impétueuse du bourgmestre CDH divise et inquiète l’opinion publique. Tout comme l’ambition métropolitaine qu’il déploie sur la capitale wallonne, à grands renforts de subsides.

Sous l’impulsion de son bourgmestre en titre, Maxime Prévot (CDH), Namur s’apprête à devenir un véritable laboratoire du redéploiement urbain, où se mêleront plusieurs dizaines de projets plus ou moins controversés. Après trois ans de préparation et de tractations diverses, la ville de 111.000 habitants entre cette fois dans la phase de concrétisation. Les grands travaux débuteront partiellement après l’été.

Dès son accession au trône mayoral, sept mois avant sa large victoire aux élections communales d’octobre 2012, Maxime Prévot entendait tourner la page de la « politique pantouflarde ». Par le passé, Namur avait selon lui trop longtemps laissé les trains de subsides régionaux et européens filer vers les concurrentes que sont Liège et Charleroi. Rapidement, le bourgmestre fait donc appel aux services de son ami Philippe Buelen, une éminence grise du CDH, pour officier en tant que « chasseur de subsides ». Les premiers résultats tombent dès mai 2013: 50 millions d’euros pour une gare des bus multimodale, 25 millions pour renforcer l’attractivité urbaine et 10 millions dans le cadre d’une convention liée à la rénovation de sa Citadelle. Plus récemment, il y a un mois, la Ville a obtenu 30 millions d’euros dans le cadre de la programmation 2014 – 2020 des fonds européens. Une grande première dont Maxime Prévot, par ailleurs ministre des Travaux publics depuis juillet 2014, se félicite encore aujourd’hui. « Réjouissons-nous d’avoir enfin les moyens de nos ambitions », martèle-t-il.

Pourtant, à l’heure où les grands projets s’apprêtent à sortir de terre, ces mêmes ambitions divisent largement l’opinion publique namuroise. Après sa prouesse électorale, qui l’a gratifié de 13 549 voix de préférence en 2012, Maxime Prévot pensait avoir acquis durablement une légitimité incontestée pour mettre en oeuvre sa vision de la ville. Mais la consultation populaire autour du projet de complexe commercial en centre-ville, défendu par la majorité CDH – MR – Ecolo, a illustré toute la difficulté de poser un choix stratégique sur la seule base des résultats électoraux. Près de 20% des Namurois ont fait le déplacement, en février dernier, pour donner leur avis, plutôt défavorable au terme du dépouillement, sur la construction de ce complexe de 23 000 m² condamnant les arbres du square Léopold. La nouvelle mouture a été présentée le 19 juin dernier.

La saga du centre commercial ne constitue toutefois que la face émergée de l’iceberg. Quel crédit accorder aujourd’hui à la stratégie portée par la Ville, au-delà de l’enthousiasme d’une fructueuse moisson de subsides? Le centre-ville sera-t-il en mesure d’encaisser autant de nuisances dans un temps si court? Les projets ne risquent-ils pas de dénaturer le cadre de vie plutôt paisible auquel tient une grande partie des habitants?

Le dossier spécial dans Le Vif/L’Express de cette semaine. Avec:

  • Pourquoi Namur n’est pas comparable à Liège ou à Charleroi sur le plan de l’aménagement urbain
  • Le pari de Prévot ouvre la voie à l’inconnu
  • Les projections immobilières
  • La carte des chantiers
  • Le théorème du parking
  • Démesure?

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