Christine Laurent

Marketing fiction

Christine Laurent Rédactrice en chef du Vif/L'Express

La bérézina : 2 % à peine de cote de popularité ! Thierry Giet, bombardé à la tête du PS il y a six mois, se noie dans les grandes profondeurs.

Pas brillant, brillant ! Seule Emily Hoyos, la fraîche émoulue coprésidente d’Ecolo fait aussi bien. La palme revenant de droit à Bernard Wesphael (1 %), le dissident des verts, celui-là même qui rêve de créer un grand mouvement de gauche à la Mélenchon, du pur fantasme. Mais il n’y a pas que Giet qui est plombé dans ce dernier sondage réalisé pour La Libre Belgique et la RTBF par Dedicated Research. Son parti, lui aussi, se tasse, tant à Bruxelles qu’en Wallonie. Même avec une loupe, on peine à détecter un effet Hollande chez nous, la gauche francophone n’ayant clairement pas bénéficié de l’état de grâce qui touche le nouveau président français.

De fait, dans la famille socialiste, il n’y en a qu’un qui, véritablement, plane toujours sur un vent dominant : Elio Di Rupo. Au septième ciel, notre Premier ministre, tant il a su, une fois de plus, épouser les bons courants. Elio, le stratège brillant, machiavélique, toujours attentif au coup d’après, comme l’avait brillamment analysé notre journaliste François Brabant dans son article « Di Rupo, histoire d’une marque » publié dans notre édition du 29 avril 2011, et qui vient d’être récompensé par le prestigieux prix Belfius (ex-Dexia) (*). Ah, le redoutable marketing de l’ex-président du PS, son insolente maestria médiatique. Elio, le précurseur en Belgique du branding politique, obnubilé depuis toujours par la com’ et la nécessité permanente de peaufiner son image. Pour le moment, il nous la jouerait plutôt « président » à la française, comme l’a relevé avec pertinence le journaliste Pascal Vrebos dimanche dernier sur les antennes de RTL. Un chouia au-dessus de la mêlée, papillonnant parmi les grands de ce monde, dessinant ainsi à petites touches l’esquisse d’une future stature internationale. Déjà on devine qu’après les deux années passées au 16, rue de la Loi, il rebondira ailleurs, probablement dans les hautes sphères européennes, tout en gardant un sabot bien ancré dans ses terres montoises. Peut-être alors, alors seulement, sera-t-il l’heure pour lui de désigner l’heureux dauphin, son successeur dont on sait aujourd’hui qu’il ne sera pas Thierry Giet.

Mais il n’y a pas que Di Rupo qui se pavane ainsi dans le top des sondages. Le bientôt famélique Bart De Wever aussi. Non seulement il affûte ses armes pour les communales (on le dit favori à Anvers), mais il prépare aussi une attaque en piqué pour les législatives. Pour preuve, les propos récents qu’il a tenus devant deux envoyés spéciaux de l’Assemblée nationale française qui enquêtaient sur l’avenir de notre pays (lire page 22) : « 2014 sera une bataille à mort et même si la N-VA gagne ces élections-là, il sera difficile de pacifier le paysage politique », a-t-il prévenu. Pour les élus du peuple français, l’affaire est pliée, la Belgique est en voie d’extinction. Et, tout aussi grave, De Wever est « un idéologue froid aux méthodes fascistes ». C’est simple, il leur a donné des frissons dans le dos. En revanche, nul doute que quand Bart prendra le pouvoir, animé de ses bien diaboliques intentions, Di Rupo, après une dernière révérence, se sera déjà propulsé dans d’autres galaxies politiques beaucoup plus accortes et accueillantes.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire