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Mandat de la dernière chance à l’Issep

Christophe Leroy
Christophe Leroy Journaliste au Vif

Déficit chronique, guerre des clans, réforme controversée… Rien ne va plus à l’Institut scientifique de service public. Lassé par la gestion houleuse d’un organisme à la dérive, le gouvernement wallon lui laisse encore trois ans. Pour sa future directrice générale, le défi sera gigantesque.

Plombé par un climat interne délétère depuis dix ans, l’Institut scientifique de service public (Issep), un organisme d’intérêt public wallon employant près de 300 personnes, s’est sabordé peu à peu. A tel point que la structure, garante de l’excellence publique en matière de contrôle de la qualité de l’air, de l’eau et des sols, joue son avenir.

La menace planant sur l’Issep s’est confirmée le 23 mars dernier, lors d’un récent échange en commission du parlement wallon. Y a-t-il lieu de privatiser les missions qui lui étaient jusqu’ici confiées, au regard de ces conflits perpétuels et du déficit chronique de l’institut ? « On en arrivera peut-être à ces conclusions d’ici deux ou trois ans », a annoncé le ministre de l’Environnement, Carlo Di Antonio (CDH). D’ici quelques semaines, le directeur général faisant fonction de l’Issep, Marcel Lambert (étiqueté CDH), quittera le paquebot à la dérive dans un concert de défiance et de règlements de compte. « La responsabilité du futur mandataire sera énorme par rapport aux enjeux que doit rencontrer cet institut », souligne son ministre fonctionnel.

Fondé par décret en 1990, l’Issep a rarement évolué dans un cadre lisse et transparent. L’organisme est l’héritier régionalisé de l’ancien Institut national des industries extractives (Iniex). A la fin des années 1980, la gestion de l’ancienne structure parastatale défraie déjà la chronique : son directeur général, Georges Viatour, est suspecté d’usage de faux et de détournements multiples destinés à alimenter une « caisse noire » pour rétribuer certains collaborateurs. En 1993, il est condamné à trois ans de prison avec sursis. Dans l’intervalle, l’Issep tente de faire oublier ce passif houleux en consolidant son expertise scientifique. Il s’impose peu à peu comme un organisme public de référence, à côté des centres de recherche privés. Mais sans jamais bénéficier de la sérénité qu’il était en mesure d’espérer.

De 2010 à 2011, le passage de témoin entre le directeur général sortant Jean Jadin (étiqueté PS) et Marcel Lambert s’opère dans une vive tension, le premier dénonçant l’incompétence présumée du second auprès du ministre de l’époque, Philippe Henry (Ecolo). Cette transition chahutée constitue l’épicentre d’une usante guerre des clans, dans laquelle seront également mêlés Pierre Snyders, le directeur général adjoint de l’époque – depuis lors licencié et inculpé pour abus de biens sociaux et faux en écriture – et la CGSP-Admi, principale force syndicale de l’institut scientifique. Coup de boule entre deux agents, insultes, menaces de mort inscrites dans les toilettes… L’escalade prend une tournure surréaliste, contraignant les syndicats à commander une évaluation des risques psychosociaux. « Sur les vingt OIP dont je m’occupe, je n’ai jamais vu un climat social aussi calamiteux qu’à l’Issep », témoigne Fabio Pasqualino, délégué permanent à la CGSP-Admi. Aujourd’hui encore, plusieurs travailleurs dénoncent un « climat de terreur » dont les protagonistes imputent respectivement la responsabilité au clan adverse.

Le dossier dans Le Vif/L’Express de cette semaine. Avec :

  • désaccord sur la gestion
  • tuiles budgétaires
  • réforme drastique impérative

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