Bart De Wever et Paul Magnette © Belga

« Magnette tente de faire oublier l’association avec De Wever »

Han Renard

« Si Bart De Wever met un gros sac d’argent sur la table, Paul Magnette sera tout à fait prêt à faire de grands pas au niveau communautaire en 2024 », déclare le professeur de sciences politiques Dave Sinardet (VUB).

En juin dernier, le président du PS Paul Magnette a déclaré que son parti ne négocierait pas de nouvelle réforme de l’État en 2024. La fermeté de ces propos a surpris, car avant cela, Magnette ne s’était pas opposé aussi fermement à de nouveaux transferts de compétences. Avant l’arrivée du gouvernement fédéral Vivaldi, Magnette et le président de la N-VA, Bart De Wever, avaient même dessiné les contours d’un éventuel accord pour réformer radicalement la Belgique.

L’accord communautaire entre le PS et la N-VA, dont rêve De Wever, est-il mort et enterré? Pas nécessairement, déclare le professeur de sciences politiques Dave Sinardet. « Si vous regardez le discours public des partis et des politiciens francophones, il y a en effet peu de signes de régionalisme. Sous la houlette de son président Georges-Louis Bouchez, le MR poursuit plus que jamais un discours très belge. On peut toutefois se demander s’il s’agit d’une réelle volonté ou d’une simple stratégie de communication. Car même au sein du MR, il y a des figures régionalistes, comme Pierre-Yves Jeholet. Le PTB, en tant que parti unitaire, se présente comme très pro-belge, et Ecolo a toujours été un parti fédéraliste. Seul le PS, après le départ d’Elio Di Rupo de la présidence, a semblé reprendre un cours plus régionaliste ces dernières années ».

Cependant, c’est exactement le contraire qui s’est produit lors du congrès du PS wallon en juin, l’endroit idéal pour formuler un programme régionaliste un peu plus pointu. « Magnette a déclaré dans des interviews qu’une nouvelle réforme de l’État n’est absolument pas nécessaire. Et Magnette a également fermé la porte à un régionalisme intra-francophone de grande envergure, où la Communauté française disparaîtrait au profit des Régions bruxelloise et wallonne, une vieille revendication des régionalistes wallons. »

Et pourtant, explique Sinardet, il ne faut pas prendre les déclarations de Magnette au pied de la lettre. « En Belgique francophone, les discours régionalistes ne sont tout simplement pas populaires. Et le PS a également été attaqué sur ce point: le PS voudrait faire un marché avec la N-VA et déshabiller davantage la Belgique. À l’approche des élections de 2024, Magnette tente de faire oublier cette association avec De Wever, et il doit aussi tenir compte des différentes idéologies au sein du PS. La Flandre voit le parti comme un bloc homogène. Mais le fossé se creuse entre, par exemple, le PS bruxellois, plus attaché à la Belgique et à la Communauté française, et le PS wallon, plus régionaliste. »

Mais cela ne veut pas dire que « lorsque les choses se gâteront », le PS ne sera pas ouvert aux discussions communautaires avec la N-VA, estime Sinardet. « Le PS reste le parti le plus fort de la Belgique francophone. Dans cette seule logique, il est intéressant pour eux de transférer des compétences au niveau des États. S’il y a des résistances, c’est généralement pour des raisons financières pour le PS, car la Wallonie ne dispose pas des moyens pour exercer ces compétences. Mais si Bart De Wever met un gros sac d’argent sur la table, en 2024, Magnette sera tout à fait prêt à faire de grands pas au niveau communautaire. »

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