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Maelbeek : témoignage exclusif d’un secouriste volontaire

Le Vif

Avant même l’arrivée des ambulances, un secouriste volontaire était sur place, juste après l’explosion dans la station de métro de Maelbeek, dans le quartier européen de Bruxelles. Entre la crainte d’une nouvelle explosion et blessés réclamant de l’aide.

« Ils ont frappé à l’aveugle, dans un des métros les plus bondés, le matin à Bruxelles, c’était complètement paniquant. » Philippe D, un secouriste d’entreprise qui travaille à 150 mètres à peine la station de métro où a eu lieu l’explosion, était sur place avant les ambulanciers, ce mardi matin. Bouleversé, il explique qu’une dizaine de blessés avait réussi à sortir seuls du métro lorsqu’il est arrivé sur les lieux.

« Je suis arrivé sur place vers 9 h 20. J’étais au travail , en train de regarder les infos à la télé, au sujet des attentats à Zaventem, quand une collègue est arrivée pour nous dire qu’une explosion avait eu lieu dans le métro. Je n’ai pas réfléchi longtemps, j’ai attrapé ma trousse de secours et je suis parti tout de suite sur place. Il n’y avait pas encore d’ambulances, elles devaient encore toutes être du côté de Zaventem. A la sortie de la station, il y avait les personnes qui étaient parvenues à sortir toutes seules du métro. Je dirais qu’il y en avait une dizaine. Je ne savais pas où donner de la tête. Il y avait des gens en sang partout. Je me suis occupé d’une dame d’une quarantaine d’années, qui était fort blessée au visage. J’ai voulu m’occuper aussi d’une femme japonaise qui était littéralement en sang, mais je n’en ai pas eu le temps. Je le regrette terriblement ».

L’Hôtel Thon transformé en « hôpital de campagne »

Philippe explique encore que, très vite, les employés de l’Hôtel Thon, situé juste à côté de la station Maelbeek, sont venus spontanément amener des draps de lit et des serviettes éponges, pour faire des bandages de fortune. Les policiers sont arrivés sur les lieux avant les ambulances. Une fois que les secours sur place, ils ont fait le tri parmi les blessés, et ils ont réquisitionné l’hôtel Thon, pour en faire un « hôpital de campagne ». Au même moment, la panique est encore montée d’un cran : « la police a annoncé qu’il y avait « une autre bombe ! (…) « On était choqué. C’était le chaos, la panique ! On attendait le verdict des démineurs. Pour finir, il n’y avait pas d’autre bombe et j’ai pu accompagner la dame blessée dans cet hôtel. Elle était incroyablement calme, résignée, elle ne demandait pas ce qui s’était passé. Elle savait ».

Avant l’arrivée des ambulances et des secours, les passants ont, eux aussi, offert leur aide, explique encore ce témoin. Ainsi, il y avait, parmi les premiers secouristes sur place, un gériatre et un étudiant en médecine qui allait travailler en vélo. Tous les deux se sont mis à prêter secours aux blessés. « Il y avait des gens blessés de tout âge, des enfants… ». De nombreux blessés ont alors été transportés vers l’hôtel Thon. D’autres, ceux qui présentaient des brûlures, ont été transportés au centre des grands brûlés de Neder-Over-Heembeek. Tout cela sous les flashs des quidams qui prenaient des photos ou des vidéos avec leurs smartphones. « C’était très choquant », déplore Philippe D qui souligne toutefois que ces attentats, « ne vont pas changer notre façon de vivre. On aura peur de prendre le métro, bien sûr, mais on ne cédera pas à la terreur ».

RM

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