Ludivine Dedonder © Belga

Ludivine Dedonder: « Soutenir Jürgen Conings, c’est soutenir un homme qui menace de tuer et blesser des innocents »

Celine Bouckaert
Celine Bouckaert Journaliste au Vif

Ce mardi la ministre de la Défense, Ludivine Dedonder, et le chef de la Défense, l’Amiral Michel Hofman, ont réuni la presse afin de faire le point sur les mesures immédiates prises en marge de la fuite de Jürgen Conings et des différentes enquêtes internes et externes menées pour remédier aux failles, lacunes voire négligences que celles-ci révéleront.

Une semaine après sa fuite, Jürgen Conings, le militaire en cavale fiché par l’OCAM qui a menacé de s’en prendre aux structures de l’État et à plusieurs personnalités, dont le virologue Marc Van Ranst, demeure introuvable. Les enquêtes se poursuivent et sont élargies après les recherches infructueuses menées dans le parc naturel de Haute Campine dans le Limbourg.

Premiers résultats dans les heures à venir

« La disparition et la fuite de cette personne avec armes et munitions soustraites illégalement d’une de nos casernes nécessitent une réponse adéquate. Je suis bien consciente de la gravité des faits, et je compte bien prendre les mesures qui s’imposent. Derrière ces faits se cachent sans doute des erreurs que devront mettre à jour les enquêtes à venir à l’Inspection générale de la défense. Les premiers résultats intermédiaires sont attendus dans les heures à venir », déclare la ministre de la Défense Ludivine Dedonder. « Le comité R mène également une enquête qui devra apporter un éclairage sur les manquements dans le suivi effectué par nos services », ajoute-t-elle.

« En lien, avec ces faits, nous observons des soutiens inquiétants. Il va de soi que soutenir cet homme, c’est soutenir un homme qui menace de tuer et blesser des innocents. Le fait que cet individu soit soutenu sur les réseaux sociaux montre que les idées radicales et extrémistes sont tolérées, voire endossées par certains depuis trop longtemps », déplore Ludivine Dedonder. La ministre regrette également que certains (anciens) militaires soutiennent le militaire en cavale. « Ils nuisent à la réputation et à l’honneur des 25 000 personnes qui composent la défense », regrette-t-elle.

« Il n’y a pas de place pour les idéologies violentes et extrémistes au sein de la défense. Nous répéterons tant qu’il le faudra que l’extrémisme, le sexisme et le racisme n’ont pas leur place au sein de l’armée ».

Onze personnes sont déjà écartées de toute possibilité de travailler avec l’armement. D’autres mesures pour être prises dans les prochains jours. Les mécanismes d’accès aux armements et aux quartiers seront également renforcés.

« Nous avons commis des erreurs »

« La Défense fait tout ce qui est en son pouvoir pour aider à la résolution de cette crise. (…) Dans cette affaire, nous avons commis des erreurs. C’est indiscutable, et nous le reconnaissons très humblement. Dans cette affaire, mais aussi dans les incidents qui se sont produits dernièrement, comme à Brecht. La succession d’incidents visibles ou moins visibles n’est qu’un indicateur que la robustesse de notre organisation n’est plus ce qu’elle était », reconnaît pour sa part le chef de la Défense, l’Amiral Michel Hofman.

« La défense et la SGRS ont commis des erreurs dans l’affaire qui nous occupe. Il y a des erreurs au niveau du flux de l’information, des lacunes dans le respect de procédures et de règles, et une érosion de connaissances d’expertise et de bonnes pratiques qui ont mené à ce genre d’incidents ».

L’amiral partage l’indignation de l’opinion publique, et « regrette profondément » qu’au sein d’une partie du département de la défense et de la population en général, Conings soit dépeint comme une victime, un résistant ou un héros.

« Nous avons lancé une enquête. Nous avons demandé à l’inspecteur général d’analyser certains éléments tels que la communication, le flux de l’information et la situation sécuritaire du caporal-chef Conings, la communication, les procédures d’accès aux armes lourdes et aux munitions, et évidemment aussi, mais à plus long terme, à l’expression d’idées politiques sur les réseaux sociaux, mais aussi ailleurs, par des tatouages par exemple », ajoute-t-il.

Espoir d’un dénouement proche, et sans victimes

L’amiral réserve les premières conclusions à la ministre plus tard dans la journée et à la commission parlementaire mercredi. « Entre-temps, il faut rétablir la confiance, non seulement vers le politique, mais aussi vers le citoyen. L’ampleur de ce défi et de ce chantier est énorme. Je ne voudrais pas oublier aux points positifs. Nous avons contribué très largement à la sécurisation des villes suite aux attentats terroristes. Nous avons également contribué à résoudre les crises Covid. Nous restons disponibles pour appuyer la nation », rappelle Hofman qui « espère un dénouement proche, et surtout sans victimes ».

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