© Antoine Wagner et galerie Valérie Bach et La Patinoire Royale, Bruxelles

L’oeuvre de la semaine : Le miroir d’Ophélie

La mer étale s’étire, horizontale en ses reflets. On est debout, elle est couchée, tout va bien. Mais que se passe-t-il lorsqu’accoudé au bastingage, on fixe l’eau sous soi. Brillante comme un miroir, on y chercherait en vain notre visage de Narcisse.

La surface, dorée par les feux du soleil glace en effet la surface des reflets aux appétits de sirènes. Et donc, d’appels. Elle aiguise en nous le désir d’en révéler le dessous, les profondeurs, la béance. Il y a, dans cette trompeuse frontalité, une ivresse d’infini et d’attirance pour la mort que le photographe met en place par un procédé de basculement des images.

Cet aspect romantique de l’oeuvre d’Antoine Wagner par ailleurs digne de l’école de Düsseldorf (et particulièrement Thomas Ruff) tire son origine du nom même de son auteur, descendant en effet du maître de Bayreuth. Partageant sa vie entre la France et l’Amérique, le photographe de 38 ans, a en effet cherché à rejoindre la pensée de son aïeul. Pour ce faire, il a par exemple rejoint et arpenté les paysages de haute montagne qui avaient inspiré l’écriture de Parsifal. Puis il avait parcouru les cités comme Zürich ou Lucerne, à leur tour inspiratrices du musicien. Il y a retrouvé des qualités de silence et des lointains inaccessibles qui disent la solitude de l’homme.

Son oeuvre photographique actualise depuis l’esprit du romantisme allemand fait à la fois de silence méditatif et de mélancolie. Par sa nouvelle série « Liquid », les miroitements de l’eau deviennent les nouveaux lieux de son rapport de « Wanderer » au monde.

La Patinoire Royale Galerie Valérie Bach. 15 rue Veydt à 1060 Saint-Gilles.

Jusqu’au 20 juillet. Du mardi au samedi de 11h à 18h. www.prvbgallery.com

Contenu partenaire