L’oeuvre de la semaine: Exquise personne

Guy Gilsoul Journaliste

Si l’imaginaire de Salvador Dali étonne autant qu’il fascine, l’assemblage d’objets bien réels (et non pas leur copie en bronze lisse) constitue l’un des moyens les plus convaincants utilisé par la maître espagnol.

En additionnant les divers éléments, il provoque un dialogue entre ses trois obsessions : le fantasme érotique, la mort et l’enfance. Ainsi ce Buste de femme rétrospectif daté de 1933. La femme, nue, les lèvres rouges et le regard lointain est réalisée dans une porcelaine blanche qui lui assure ce côté glacé et irréel.

L'oeuvre de la semaine: Exquise personne
© collectin particulière

Donc, pour Dali, particulièrement désirable. Elle parait insensible aux fourmis qui envahissent ses joues, s’attardent à sa bouche et vont bientôt lui grignoter l’oeil. Les escargots d’une autre oeuvre, Le taxi pluvieux ne faisaient pas autre chose mais au gluant de ceux-ci, répondent le picotement des formicidés. Ce dernier mot renvoie aussitôt (le formol) à la mort signifiée, sur le sommet du crâne et par-delà la baguette vernie, par l’objet-encrier évocateur du célèbre tableau du peintre Millet, L’Angelus .

Car pour Dali, (des radiographies lui donneront raison), entre les deux paysans priant au soir d’une journée aux champs, c’est bel et bien une tombe qui aurait été peinte puis ensuite recouverte par l’artiste français du XIXe siècle. Or cette présence de la mort, qui ne peut être que celle d’un enfant assure-t-il, habite et hante le Surréaliste, porteur malgré lui du même prénom que celui de son frère mort et ici dansant tout autour du cou de la jeune femme de porcelaine.

Enfin, encadrant tout en reliant ces signaux, quelques éclats de gourmandises phalliques comme le pain ou les maïs dorés, à croquer avec délice, une fois passés au feu….alimentent notre curiosité.

Liège, Gare des Guillemins. Jusqu’au 31 août. www.expodali.be

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