Amelia Elizabeth Gimingham, Passion Flower ad Fruit, 1897. © Archive of Modern Conflict

L’oeuvre de la semaine: Enfin seules

Guy Gilsoul Journaliste

D’Amelia Elizabeth Gimingham (1833-1918), on ne sait rien. Ou presque. En cherchant bien, on pourrait trouver dans les réserves du Victoria and Albert Museum de Londres, un album de 300 pages remplies de dessins de bannières vitraux, enluminures et autres motifs décoratifs. Pas de quoi titiller la rétine. Vraiment?

En fait, on ignorait jusqu’en 2010 que cette artiste anglaise tombée dans l’oubli, était, comme d’autres de ses contemporains proches du mouvement Art and Crafts, fascinée par les formes végétales qu’elle avait immortalisées par la photographie.

L’une d’elles, datée de 1897, associant des fruits et des fleurs de la passion, compose une page assez chargée dans laquelle les trilles répondent aux formes pleines et les notes sombres aux nuances des pétales, ne laissant au regard qu’un seul type d’approche, celle de l’entomologiste. En fait, on remarquerait à peine cette photographie si elle n’était fixée avec d’autres et comme on épingle les papillons sous verre, sur d’immenses cloisons reproduisant en couleurs et à la manière d’un papier peint panoramique, un véritable échantillonnage de fleurs, cactées, hautes tiges, bouquets, troncs d’arbres, champignons, fougères et autres merveilles de la nature.

« En fin seules » comme l’indique le titre de l’exposition, ces 200 photographies ont toutes en commun d’éliminer du champ visuel toute présence animale ou humaine. Le parcours immersif, de type couloir labyrinthe, accumule ainsi ces oeuvres de petites dimensions issues d’une collection londonienne (Archive of modern Conflicts) crée en 1992 et décrite par son fondateur (aujourd’hui commissaire de l’exposition), Timothy Prus, comme « la dépositaire d’histoires perdues et oubliées ». Soit, un trésor unique de 8 millions d’images égrenant sur des chemins de traverse une histoire très particulière de la photographie depuis ses origines jusqu’aux années 1970.

C’est assez dire aussi si la variété est de mise et déjà par l’évolution des techniques depuis les impressions albuminées sur papier salé, les cyanotypes bleus puis orange, les tirages argentiques… L’occasion aussi de surprendre, entre les photographes « amateurs » (appartenant souvent au monde scientifique), quelques grands noms de professionnels mais jamais là où on les attend d’habitude comme Charles Nègre, Graham Sutherland, Brassaï, Josef Sudek ou encore Willy Ronis.

Luxembourg, MUDAM, 3 Park Draï Eechelen. Jusqu’au 19 septembre. Tous les jours sauf mardi de 10h à 18h, mercredi jusqu’à 22h. www.mudam.com

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