© Belga

L’étau se resserre de plus en plus autour de Michel Daerden

C’est de nouveau la guerre au PS liégeois. Michel Daerden, l’empereur d’Ans semble de plus en plus esseulé. Menacé, de plus, par les dernières révélations sur son train de vie de ministre et une instruction judiciaire dans le dossier révisoral.

Ames sensibles, s’abstenir ! Mardi 26 octobre, début de soirée au siège de la fédération liégeoise du PS, place Sainte-Véronique. Une importante réunion des instances a été convoquée par son président Willy Demeyer, par ailleurs mayeur de Liège, avec pour ordre du jour l’analyse du « cas Daerden ». A savoir les suites du dernier coup de force de « Papa » au sein de son fief ansois où, en juin dernier, il a débarqué Stéphane Moreau, son ex-dauphin, du poste de bourgmestre faisant fonction. Une décision motivée par sa volonté de reprendre le pouvoir, politiquement parlant, au sein de « sa » commune d’Ans, et selon plusieurs observateurs, « un acte à connotation strictement politique ».

Cette réunion passablement houleuse a rapidement tourné au pugilat verbal, l’empereur d’Ans ne supportant pas que la fédération s’immisce dans ses « affaires intérieures ». C’est surtout l’évocation de la situation de son secrétaire communal Walther Herben, un collaborateur de longue date, et la voix de son maître à Ans, qui a fait sortir de ses gonds un ministre fédéral des Pensions visiblement imbibé. Au point de lancer à ses « amis » socialistes liégeois qu’il avait « des dossiers sur tout le monde » et qu’il allait « tout faire péter à la fédération ». Menace en l’air selon certains, stratégie bien pensée – et d’ailleurs déjà utilisée en son temps par d’autres membres du PS liégeois – pour d’autres, n’empêche, l’agressivité de cette attitude a laissé apparaître Michel Daerden comme un homme blessé et même amer.

Ce que le bourgmestre en titre d’Ans et par ailleurs « star » de YouTube n’a pas apprécié, c’est l’intervention de la fédération liégeoise du PS et de son président dans un conflit anso-ansois. Une intervention qui avait aussi pour but de prolonger un moratoire, devenu depuis « stand alone », imposé à l’ensemble des socialistes ansois, et destiné à apaiser les tensions au sein du PS. Au dire de plusieurs intervenants contactés par nos soins, dont la plupart préfèrent conserver l’anonymat, « le climat n’a jamais été aussi détestable au PS liégeois », l’un d’entre eux affirmant même qu’il n’a « jamais connu ça depuis l’époque de Dehousse et de Cools ». « L’heure du changement est venue » et on veut en finir avec « certaines pratiques d’un autre temps », affirme même un socialiste influent. De fait, « Michel Daerden n’a jamais été aussi esseulé au sein du parti ».

Plus que jamais, l’étau se resserre donc autour de Michel Daerden et du système qu’il a mis en place durant des décennies, notamment à Ans. Pour preuve, les dernières révélations par La Libre Belgique sur l’ancien train de vie namurois de celui qui fut ministre wallon – il est notamment question d’un appartement loué aux frais de la Région en plus de son logement de fonction et qui aurait servi à accueillir des proches. « Trop longtemps, Michel Daerden a fait régner la terreur, notamment à Ans, et il est temps que cela cesse », confie ainsi un socialiste ansois. Et pour beaucoup, l’éviction de Stéphane Moreau décidée unilatéralement en juin dernier par Daerden a été « la goutte d’eau qui a fait déborder le vase ». « Michel Daerden a ouvert la boîte de Pandore et a fait voler en éclats une paix fragile au PS liégeois », soulignent-ils. Une éviction, au lendemain des élections fédérales de 2010, justifiée par un manque de disponibilité de Stéphane Moreau pour Ans du fait de ses nombreux autres mandats.

Retour de manivelle ? Lors de la réunion du 26 octobre, les responsables de la fédération ont aussi épinglé la situation du secrétaire communal si particulier d’Ans, Walther Herben. L’homme cumule cette fonction importante et en principe exercée à temps plein avec celles de secrétaire de l’USC ansoise, de « collaborateur » privilégié de Michel Daerden, de président de la société de gestion du Country Hall (une salle multifonctionnelle située sur les hauteurs de Liège et accusée de gouffre financier). Le PS liégeois a décidé, ce soir-là, la mise en congé de ces fonctions politiques de Walther Herben. Une décision qui, selon le principal intéressé, ne lui aurait pas encore été notifiée à l’heure de boucler votre magazine… Certains, au sein de la plus importante fédération socialiste de Wallonie, craindraient-ils un retour de manivelle de la part du « clan Daerden », même s’il est de plus en plus morcelé ? Daerden accusé par ailleurs d’avoir torpillé l’absorption de l’Association liégeoise du gaz par Tecteo (ex-Association liégeoise d’électricité), une intercommunale dirigée par Stéphane Moreau, « un enjeu politique ». Michel Daerden vivrait-il ses dernières heures politiques à Liège ? « Soit on retourne aux urnes, et là il peut encore s’en sortir, soit il est foutu », prétend même un militant.

BRUNO BOUTSEN

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire