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Les rémunérations explosent à l’Intercommunale sociale du Brabant wallon

Michel Delwiche
Michel Delwiche Journaliste

La présidente et la première vice-présidente de l’ISBW décident de revaloriser leur rémunération. Et pas qu’un peu. Une pierre de plus pour la gouvernance des intercommunales wallonnes… « Message exécrable », estime Paul Furlan.

Réunion houleuse hier soir à Chastre pour le conseil d’administration (CA) de l’ISBW (Intercommunale sociale du Brabant wallon), qui avait à son ordre du jour le projet de budget pour 2014. Celui-ci présente un déficit de 214.000 euros, qui s’ajoutera aux précédents pour un total de 500.000 euros.

X4 et X 26 !

Dans ce projet de budget figure un point relatif à l’augmentation de la rémunération de la présidente et de la première vice-présidente du CA de l’ISBW, une augmentation à première vue énorme. Elle passerait de 6.700 à 23.500 euros (+ 250%) pour Dominique De Troyer (PS), la nouvelle présidente, et de 720 à 18.800 euros (multipliée par 26) pour la première vice-présidente Yolande Deleuze (MR). Sans la moindre modification statutaire. Dominique De Troyer, Wavrienne, est par ailleurs présidente du conseil provincial du Brabant wallon, tandis que Yolande Deleuze préside le conseil communal de La Hulpe et est directrice de la logistique et des achats de l’ONE (Office de la Naissance et de l’Enfance). Elles font toutes les deux partie du comité de rémunération de l’ISBW, qui a donc décidé de ces augmentations. Celles-ci devront encore être examinées, pour tutelle, par le gouvernement wallon, et devront être avalisées par l’assemblée générale du 15 décembre prochain avant d’être étudiées par chacune des communes. Ce sont ces dernières, in fine, qui devront payer la note.

Pour le ministre des Pouvoirs locaux, Paul Furlan (PS), qui vérifiera la légalité de la décision, et même si les montants évoqués ne semblent contrevenir au Code de la Démocratie locale et de la Décentralisation (CDLD) et sont inférieurs à ceux accordés dans d’autres intercommunales, ce n’est vraiment pas le moment. « Même si les montants ne sont pas indécents, dit-il, le moment est particulièrement inopportun, en pleine crise économique, d’autant que les fonctions, que je sache, n’ont pas changé. Il s’agit là d’un message exécrable envoyé à l’opinion publique! »

« Professionnaliser »

La nouvelle majorité provinciale MR-PS du Brabant wallon (qui a succédé à une alliance MR-Ecolo) a décidé de « mettre à niveau les intercommunales IBW et ISBW », explique Dominique De Troyer. Et donc d’aligner les rémunérations de l’intercommunale sociale sur celles de la puissante intercommunale économique. C’est oublier que le travail de l’ISBW et de ses 226 travailleurs correspond, dans la nouvelle province, à celui qui est fait, ailleurs, par les services provinciaux. « Nous avons voulu professionnaliser ces mandats, poursuit la présidente, et ce n’est pas parce que nous travaillons dans le social, qui a toujours été le parent pauvre, avec trop souvent des solutions de bouts de ficelle, que nous n’avons pas droit aux mêmes rémunérations. Nous sommes en tout cas ici dans la transparence totale, et il n’y a pas le moindre défraiement en plus. »

Au sein du comité directeur (4 MR, 2 PS et 1 Ecolo), même du côté de la majorité PS-MR, certains disent redouter l’impact de ces deux augmentations sur l’opinion. Et l’opposition Ecolo monte logiquement au créneau, Josiane Conrardy, la membre du comité, expliquant que « il revient aux dirigeants de l’intercommunale de présenter un budget en équilibre », plutôt que de faire porter le poids du déficit par les communes, en difficultés financière au point que nombre d’entre elles doivent licencier du personnel. Les administrateurs Ecolo ont donc voté contre ces propositions, « fruit d’un accord entre amis PS-MR », et « choquantes en période de crise économique, surtout dans le chef d’une intercommunale sociale ». Le CDH a fait de même, après avoir demandé, en vain, que l’on revoie à la baisse la proposition concernant la présidente, et qu’on annule l’augmentation de la vice-présidente. Si Mme Deleuze doit être appelée en remplacement de Mme De Troyer, on pourrait doubler ses jetons, plutôt que de forfaitiser à l’année. Et si la somme de travail a augmenté, ce qui reste à démontrer, elle a augmenté pour tout le monde, pas uniquement pour ces deux personnes.

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