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Les militantes féministes appellent à devenir « plus virales que le Covid »

Le Collecti.e.f 8 maars appelle, pour la troisième année consécutive, à une grève féministe le 8 mars, à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes.

Cette année, la crise sanitaire du Covid-19 s’invite dans la lutte du collectif contre les discriminations subies par les femmes en raison de leur genre. Les militantes appellent à devenir « plus virales que le Covid » pour défendre que « nos vies sont essentielles, notre travail est essentiel, notre grève aussi ».

« Le constat est inéluctable: le confinement et les autres mesures socio-sanitaires sont le fruit des choix sexistes mais aussi classistes qui ont simplement nié certaines existences précaires », avance le Collecti.e.f 8 maars dans son appel aux femmes et minorités de genre à faire grève le 8 mars.

Alors que la crise a montré l’importance capitale des femmes, majoritaires dans le secteur des soins ou de la grande distribution notamment, elle a aussi exacerbé « les inégalités de genre, de classe et de race intrinsèques à notre société », dénoncent les militantes.

« Du jour au lendemain, on a enfermé tout le monde sans prendre en compte la diversité des ménages ou les besoins des personnes précaires (sans-abris, sans papiers, familles monoparentales, familles nombreuses vivant dans des petits espaces, personnes isolées et dépendantes…). On a considéré que tout le monde avait un ‘chez soi’, que ce ‘chez soi’ était salubre et confortable ou encore que c’était un espace sûr », pointe le collectif. Or, la réalité était tout autre: « pour beaucoup de femmes, cela (a) signifié de rester enfermées avec leur propre agresseur ». Les appels à la ligne d’Écoute Violences Conjugales ont notamment triplé pendant le premier confinement et sont toujours deux fois supérieurs à la période pré-coronavirus.

La pandémie a aussi transformé les systèmes du travail productif et reproductif, souligne le collectif. Le travail s’est intensifié dans des secteurs considérés comme essentiels tandis que le personnel en première ligne a vu ses conditions de travail se précariser. Les personnes sous contrats ou statuts spécifiques comme les étudiantes, travailleuses du sexe ou artistes sans statut ont été mises à l’écart, « sans parler des personnes travaillant au noir, pour lesquelles les seuls recours ont été les actions de solidarité ».

Les militantes dénoncent aussi que « le travail de soin porté par les services de ‘care’ et d’éducation (fortement féminisés) a été, en grande partie, renvoyé à la sphère privée et notamment aux femmes, qui prennent la relève en palliant les carences, les oublis étatiques et les besoins qui se cumulent. De cette manière, la crise nous a révélé à quel point le travail de ‘care’ est socialement essentiel, mais aussi à quel point il est précarisé, peu valorisé et mal payé ».

Pour le collectif, « les autorités nous renvoient en toute légalité leur violence patriarcale et raciste. À travers leur discours infantilisant et leurs mesures injustes, les autorités enfoncent la population dans la pauvreté et la culpabilisation, tout en la criminalisant de toutes parts ».

Cet état des choses doit être renversé, appelle le collectif. « Nous ne sommes plus disposées à accepter la dévalorisation permanente de notre travail ; nous ne voulons plus d’un système de contrôle violent qui attaque, exploite et discrimine nos corps, tout comme nos territoires, en les polluant et dégradant. Nous voulons redonner la juste place à ce qui est indispensable à la vie et nous ne nous arrêterons que quand cela sera fait! « , préviennent les féministes.

Les militantes appellent dès lors, pour la troisième année consécutive, à la grève du travail rémunéré, étudiante, du travail domestique, de la consommation et du soin aux autres. L’appel à la grève est soutenu par les syndicats CSC et FGTB.

« Il s’agit d’un processus de lutte qui traverse l’intime et le public, rentre dans nos maisons, envahit tous les espaces que nous fréquentons et dans lesquels nous voulons exprimer notre refus de subir des violences machistes, d’être exploitées et opprimées », explique le collectif.

« Se mobiliser pour ce 8 mars ne sera pas facile mais cela sera nécessaire, parce qu’une lecture féministe du présent est nécessaire pour penser collectivement des solutions durables et soutenables », concluent les féministes.

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