© iStock

Les maisons de repos, martyrs de la crise sanitaire: 6,5% de résidents en moins

Mailys Chavagne
Mailys Chavagne Journaliste Web

Surmortalité, absence de matériel, dépistage tardif, isolement, solitude, détresse psychologique… Le bilan de la crise sanitaire a été lourd dans les maisons de repos et les conséquences se font déjà ressentir. Le nombre de résidents aurait baissé de 6,5% entre 2019 et 2020, selon une étude des Mutualités libres.

Souvent pointées du doigt durant la crise du covid – en raison notamment de leur mauvaise gestion lors de la première vague ou du taux de décès important de leurs résidents – les maisons de repos garderont des séquelles de cette année 2020. Et si la vaccination massive dans ces institutions a fait ses preuves et ralenti tant les hospitalisations que les décès, le secteur aura bien du mal à se relever.

Le premier signe de futures perturbations? La fréquentation des maisons de repos a diminué en à peine quelques mois, selon une étude comparative des années 2019 et 2020 menée par les Mutualités libres. Le nombre de résidents a en effet baissé de 6,5% entre ces deux années, là où, auparavant, leur croissance était constante.

Un taux de mortalité élevé

Mais qu’est-ce qui explique cette situation? Premièrement, on doit prendre en compte les effets directs de la crise: les maisons de repos ont enregistré plus de la moitié des 25 000 morts du covid en Belgique. Une mortalité importante qui n’est pas sans conséquence sur la fréquentation actuelle de ces institutions. « On voit que la surmortalité dans les maisons de repos s’élève à un peu plus de 31% en Wallonie et 39% à Bruxelles « , explique Xavier Brenez, directeur général des Mutualités libres, au micro de Matin Première. Deux pics en particulier ont été recensés, lorsque la première et la seconde vague ont déferlé sur le pays.

Selon les données publiées par l’Institut de santé publique Sciensano, 66% de ces personnes sont mortes à l’hôpital et 33% en maisons de repos en Wallonie alors qu’elles étaient 55% à mourir à l’hôpital et 44% en maisons de repos en Flandre. Des chiffres qui témoignent de l’ampleur de ce drame à l’échelle nationale, en particulier dans les populations âgées, plus fragiles.

Une entrée plus tardive

Outre la surmortalité des personnes âgées, les admissions dans les maisons de repos doivent également être prises en compte pour expliquer cette tendance à la baisse du nombre de résidents. Les entrées ont, en effet, elles aussi diminué d’un tiers entre 2019 et 2020. La raison? Le profil des nouveaux entrants évolue et la crise sanitaire a accéléré ces changements.

Les seniors arrivent désormais beaucoup plus tard en maison de repos. Ils préfèrent rester à leur domicile tant qu’ils sont encore autonomes et capables de subvenir à leurs besoins sans aide extérieure. Ils n’entrent alors en maison de repos qu’en dernier recours, lorsque leur niveau de dépendance ne leur laisse plus d’autre choix.

« Les personnes âgées ont souvent d’autres alternatives et elles ont privilégié ces autres alternatives aux maisons de repos. Pour les personnes fortement dépendantes, on constate également une baisse des entrées, mais plus faible car il y a moins d’alternatives », poursuit Xavier Brenez. « On observe cette tendance depuis plusieurs années : une entrée plus tardive, à un âge plus élevé, à un stade de dépendance plus important. Mais la crise a accéléré cette tendance« .

Face à cette situation, un constat: il va falloir travailler à redorer l’image des maisons de repos. Pour cela, il est grand temps de repenser le secteur afin de faire en sorte que ces institutions de santé redeviennent un lieu de vie agréable pour les résidents, concluent les Mutualités libres.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire