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Les lapins domestiques ne vont pas bien: « Le problème, c’est qu’un lapin ne peut aboyer »

Elisa Nelissen Journaliste free-lance pour Knack

De l’absence d’espace à l’incertitude autour de l’élevage et de la vente des lapins domestiques : nos amis aux longues oreilles ne vont pas bien. Les chercheurs demandent plus de transparence au secteur.

Le secteur des lapins domestiques doit devenir plus transparent afin d’améliorer le bien-être des animaux. C’est la principale conclusion d’une étude menée par des chercheurs de l’Université d’Utrecht. Suite aux mauvaises conditions constatées à toutes les étapes de la vente, l’âge moyen des lapins domestiques se situe autour de 4,5 ans, alors qu’ils sont censés vivre plus de 10 ans.

Les lapins passent par des mains différentes avant de se retrouver dans une famille : ils vont de l’éleveur (amateur) à une animalerie ou une jardinerie avant de finir chez le consommateur. Souvent, ce dernier ignore d’où vient son animal de compagnie et dans quelles circonstances il a grandi. Sur les forums en ligne, on trouve plusieurs témoignages sur des animaux qui se sont avérés malades ou non socialisés après leur achat. De nombreux animaux arrivent malades ou affaiblis à la porte du consommateur « , explique Lise Bartholomees, responsable de l’accueil des lapins à l’ASBL Jodipro.

Les biologistes spécialisés en comportement Dennis Vink et Claudia Vinke, ainsi que la chercheuse en médecine vétérinaire, Yvonne van Zeeland, ont étudié toutes les étapes du secteur de lapins domestiques aux Pays-Bas. Il y a un manque de transparence, surtout au début de la chaîne : chez les éleveurs et les éleveurs amateurs « , explique Vink. « Beaucoup de responsables n’aiment pas partager les informations et ont une attitude très fermée envers les gens de l’extérieur. » Il était donc difficile pour les chercheurs de recueillir des données.

Besoins du lapin

Parmi les éleveurs et les négociants qui ont participé à l’étude, les directives du Centre national néerlandais d’information sur les animaux domestiques (LICG) n’ont souvent pas été suivies. Par exemple, les enclos de tous les magasins étudiés se révèlent trop petits. Il n’y avait pas toujours des cachettes et les lapins étaient souvent seuls, alors que ce sont des animaux sociaux qui ont besoin de la compagnie d’un congénère. La situation est similaire pour les éleveurs amateurs : 46% d’entre eux ont une surface inférieure à 0,30 m².

De telles conditions ne sont pas adaptées aux besoins comportementaux naturels des lapins. « Pour un lapin, il est important qu’il ait suffisamment de liberté de mouvement, qu’il puisse gambader librement et se tenir debout sur ses pattes », poursuit Vink. « De plus, le lapin est une proie qui doit pouvoir s’abriter en cas de stress. »

Les nombreux messages reçus par les chercheurs sur les éleveurs amateurs qui euthanasieraient eux-mêmes leurs lapins, par exemple parce qu’ils ne sont pas de race pure, sont également inquiétants. Vink : « Nous n’avons reçu que des déclarations anecdotiques à ce sujet, nous ne savons donc pas s’ils sont autorisés à le faire ou comment ils le font ».

Mauvais exemple

Les chercheurs ont également examiné les produits en vente pour les lapins. Aucun des 128 systèmes de logement étudiés n’était suffisamment grand en soi. Il faut donc y ajouter un espace supplémentaire. Cependant, le consommateur ne le sait pas toujours. Si les clients ne sont pas informés que cela ne suffit pas, ils pensent que ces articles sont bons pour leur lapin », explique Vink.

Bartholomees ne se dit guère surprise par les résultats. « Le problème, c’est qu’un lapin ne peut pas aboyer comme un chien « , dit Bartholomees. « S’il est négligé, cela passe souvent inaperçu. Un lapin maltraité ne peut se défendre « .

Un projet est en cours aux Pays-Bas : les commerçants participants s’engagent à donner le bon exemple en matière d’hébergement et de soins. Les lapins ont suffisamment d’espace, mangent principalement du foin et ne sont pas seuls. Et la fondation néerlandaise Konijnenbelangen (Intérêts des lapins) délivre des certificats aux animaleries qui cessent de vendre des lapins. De telles initiatives n’existent pas (encore) en Belgique.

Cadre légal limité

Vink dénonce le cadre juridique limité qui entoure l’élevage et la vente des lapins. En Belgique aussi, il existe peu de législation sur l’élevage des lapins et il n’est pas clair quand quelqu’un est un éleveur professionnel et doit s’enregistrer. C’est différent pour les chats et les chiens où il y a une distinction entre les éleveurs amateurs et les éleveurs professionnels.

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