Michel Delwiche

Les éoliennes, un nouveau Francorchamps pour Ecolo ?

Michel Delwiche Journaliste

Aux élections fédérales de 2003, Ecolo avait subi une cuisante défaite, perdant 7 de ses 11 sièges à la Chambre. Un an plus tard, rebelote aux élections régionales, avec la perte de 8 de ses 11 sièges au Parlement wallon et tout espoir de rester au gouvernement régional.

Une des raisons pointées pour expliquer ces déroutes avait été l’intransigeance des verts dans le dossier du GP de F1 à Francorchamps, et leur opposition à toute dérogation à la loi interdisant la pub pour le tabac, vache à lait des écuries si l’on ose dire. Le GP de 2003 avait été annulé, et les partenaires politiques d’Ecolo avaient eu beau jeu de transformer le combat contre la pub tabac en combat contre le « plus beau circuit du monde » et ses retombées économiques pour la région immédiate.

Il y a 15 jours, le gouvernement wallon s’est mis d’accord (enfin!, a-t-on entendu de toutes parts) sur l’adoption du cadre éolien qui définit les normes d’installation des éoliennes (bruit, distance, respect de la faune et du patrimoine…) et qui établit une cartographie des zones à privilégier. Un dossier présenté par le ministre Ecolo Philippe Henry. Tollé hier au Parlement wallon où des députés PS et CDH, les partis partenaires d’Ecolo au sein de la majorité olivier, ont rendu inutile toute intervention de l’opposition MR puisqu’ils se sont chargés eux-mêmes de descendre le projet de Philippe Henry, pourtant approuvé par ses collègues ministres PS et CDH. On n’a pourtant pas l’habitude de voir les députés wallons se dresser contre leur propre camp.

C’est que, ici, on touche à la proximité entre l’élu et ses électeurs. La majorité des députés sont bourgmestre ou échevin, ou voudraient l’être, et les interventions ont sans surprise porté sur l’aspect visuel local des éoliennes, le respect des paysages et « la sérénité de nos quartiers », ainsi que sur l’aspect financier. À travers le mécanisme des certificats verts, ce sont en effet les ménages qui paient le bénéfice des opérateurs (à relativiser par rapport à celui de l’opérateur nucléaire, selon Jean-Marc Nollet, l’autre ministre wallon Ecolo).

Peut-être, en ce qui concerne Francorchamps, Ecolo avait-il raison. Peut-être, avec les éoliennes, et la nécessité de recourir aux énergies renouvelables, Ecolo a-t-il aujourd’hui raison. Mais les verts semblent avoir bien du mal à convaincre. Comment expliquer à l’opinion publique que le ministre accorde les permis à des opérateurs, sur recours de ceux-ci, alors que les riverains se sont opposés, que les communes ont dit non, que les fonctionnaires technique et délégué ont rendu des avis négatifs, de même que le DNF (Département Nature et Forêt)? A quoi servent alors les enquêtes publiques et autres consultations dont la lourdeur, dans d’autres dossiers, est précisément reprochée à Ecolo? Ecolo souffre d’un réel déficit de communication, et il ne suffit pas de nier un problème avec parfois un rien de suffisance pour se faire comprendre. Ses partenaires ne se priveront pas d’appuyer là où ça fait mal, en 2014 comme en 2003.


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