Le roi Philippe et Bart De Wever © Belga

Les éditorialistes flamands écoeurés par le blocage fédéral

Celine Bouckaert
Celine Bouckaert Journaliste au Vif

Plus de cinq mois après les élections, la formation d’un gouvernement fédéral est toujours au point mort. Les pré-formateurs Rudy Demotte (PS) et Geert Bourgeois (N-VA) n’ont pas réussi leur mission de rapprochement, et le roi a repris ses consultations. Pour les éditorialistes flamands, écoeurés, l’impasse est totale.

Quousque tandem abutere patientia nostra ?

Ainsi, Jan Seghers du quotidien Het Laatste Nieuws ne cache pas son agacement. « Hormis les partis radicaux, tous les autres ont perdu les élections du 26 mai. Depuis, ils ne s’occupent plus que de leur survie, pas de la vôtre. Tous s’occupent de leur avenir, pas du vôtre. Et ils pensent servir leurs intérêts en ne cédant pas d’un pouce à la partie adverse en restant positionné sur leurs dadas et leurs vétos », écrit-il.

« Combien de temps, Bart De Wever (N-VA) et Paul Magnette (PS), allez-vous mettre à l’épreuve la patience de tous ? Quousque tandem abutere patientia nostra? Et combien de temps encore, MR, Open Vld, CD&V et même sp.a, allez-vous, tel Calimero, continuer à vous cacher derrière la désagréable conclusion que vous êtes plus petits que N-VA et PS et donc pas à la hauteur de la tâche? Jaune-violet ? Arc-en-ciel? Choisissez », ajoute-t-il.

Jugement de Salomon

Ruben Mooijman du Standaard rappelle la parabole du jugement de Salomon pour illustrer son propos. « La morale est claire », écrit-il. « Ce n’est pas la position des partis rivaux qui importe vraiment, mais le sort de ce sur quoi ils ne sont pas d’accord. Tant que les calculs politico-stratégiques l’emporteront sur les préoccupations concernant l’avenir de la Belgique, il n’y aura aucun progrès dans les négociations. »

« En adoptant cette attitude obstinée, les partis risquent d’atteindre le contraire de ce qu’ils recherchent : la faveur de l’électeur. En ce sens, ils (NLDR : la N-VA et le PS) pourraient tous les deux finir comme la femme qui n’était pas la mère », conclut-il.

Déficit de onze milliards d’euros

Même son de cloche du côté du journal De Tijd, où Bart Haeck déplore la léthargie qui frappe les politiques belges. « La folie de cette crise, c’est qu’il ne se passe rien. Comme une maison qui se détériore lentement, parce qu’elle appartient à tout le monde en même temps et à personne en particulier », écrit-il, rappelons que le Budget présente un déficit de onze milliards d’euros.

Pour lui, les acteurs politiques doivent retrouver leur confiance et se remettre du choc du 26 mai. Ensuite, il faut une pression externe, et le fait que la Banque centrale européenne garde les taux bas n’est guère motivant. « Bien sûr, il est confortable de ne pas sentir la douleur. Mais tant que nous ne la ressentons pas, le processus de guérison et l’effort qui l’accompagne ne seront pas lancés », conclut-il.

Plus d’excuses

Pour Pieter Lesaffer du Nieuwsblad, les politiciens n’ont plus d’excuses : après avoir invoqué le vote ‘difficile’ des électeurs, la lenteur de la formation des gouvernements régionaux, les élections de président de parti au PS et chez Ecolo, et le fossé entre la N-VA et le PS, ils ont épuisé toutes les excuses. « Ou que vont-ils dire? Qu’il fait trop froid pour la période de l’année? Ou trop chaud ? Ou qu’il n’y a trop de feuilles qui tombent à l’automne ? Ou qu’il faut une autre série de pourparlers, et puis encore une, et puis encore une autre? »

« Même le roi semble se rendre compte que c’en est assez. Les pré-formateurs Bourgeois et Demotte ont voulu donner une conférence de presse hier soir pour expliquer pourquoi ils n’avaient fait aucun progrès. Au dernier moment, le roi les a rappelés à l’ordre. Cela aurait été trop embarrassant ».

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire