Benoît Lutgen : suivez ce que je dis... © THIERRY ROGE/BELGAIMAGE

« Les bons gouvernants », le bluff du CDH

Nicolas De Decker
Nicolas De Decker Journaliste au Vif

En campagne plus que jamais, les partis accommodent la réalité à leur propre sauce. Le Vif/L’Express n’est pas tout à fait d’accord. Voici pourquoi.

Durant sept semaines, focus sur un parti francophone en lice pour le scrutin du 26 mai prochain. Cette semaine: le CDH.

Les mines étaient solennelles, ce lundi 19 juin 2017, à la sortie du bureau politique du CDH.  » Dégoûté par les affaires à rebondissements qui ont rythmé ces derniers mois « , expliquait-il dans sa déclaration, le président Benoît Lutgen appelait les autres partis francophones à bannir le PS des gouvernements régionaux, en Wallonie et à Bruxelles. Benoît Lutgen voulait, dit-il également alors, permettre aux francophones de  » retrouver la prospérité, la bonne gouvernance, l’efficacité « . La bonne gouvernance n’en devenait plus seulement nécessaire, comme d’évidence, mais elle était désormais à la mode, et Benoît Lutgen et son parti voulaient, par son appel du 19 juin, s’introniser en trend-setter. Qu’importe si le président de son comité de déontologie, Dominique Drion, était une des pierres angulaires de l’édifice Publifin, cathédrale de la pas bonne gouvernance : désormais, les compagnons bâtisseurs de la rue des Deux-Eglises allaient ériger un monde meilleur et, surtout, une Wallonie plus juste, puisque Ecolo et DéFi refusèrent d’embarquer et que la tentative ne réussit qu’en Wallonie, où s’installa un gouvernement MR-CDH.

Depuis lors, ce n’est pourtant pas le parti de Benoît Lutgen que, spontanément, le grand public associe au concept de bonne gouvernance. Peut-être parce que depuis lors le parti de Benoît Lutgen a trop peu montré dans ses actes ce que ses paroles avaient proclamé. Depuis lors, il faut dire, Benoît Lutgen a abandonné glorieusement la présidence de son parti pour s’en aller courageusement siéger au Parlement européen. Depuis lors, par ailleurs, le festival dont un ministre CDH est actionnaire majoritaire continue de percevoir des subsides de ministres CDH et de gouvernements à participation CDH. Depuis lors, de surcroît, la fondatrice du CDH, inculpée notamment de prise illégale d’intérêts, a annoncé qu’elle mènerait la liste CDH pour la Chambre à Bruxelles, et puis qu’elle s’en retirait. Depuis lors, en outre, le chef de groupe CDH au parlement de Wallonie, un ministrable depuis qu’il avait démoli les méchants défenseurs de la mauvaise gouvernance pendant la commission d’enquête sur Publifin, a dû se désister de la tête de liste Région dans la province de Luxembourg parce que lors des élections communales de la ville dont il était aussi bourgmestre il avait abusé de procurations signées par de trop nombreux résidents d’une maison de repos pour personnes âgées. Et depuis lors, enfin et surtout, le CDH n’a pas lésiné, avec son partenaire réformateur de la gouvernance wallonne, pour lutter contre une mauvaise habitude wallonne, la désignation de cabinettards socialistes dans tous les plus hauts recoins de l’administration en les remplaçant fort éthiquement par des cabinettards réformateurs et démocrates humanistes partout où c’était possible.

On a vu que cette campagne s’axait surtout sur les enjeux climatiques, sur les questions socio-économiques ou sur la thématique migratoire, et certains au CDH se disent que c’est dommage. Qu’ils pensent alors à ce qu’aurait été pour eux cette campagne si elle avait tourné autour de cette bonne gouvernance qu’ils affirment tant chérir.

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