Catherine Paquet

Les amalgames mènent au terrorisme, il est grand temps d’opter pour l’intelligence

Je suis affligée de constater dans mon entourage des gens qui, par leurs propos xénophobes ou leur petitesse d’esprit, attisent la haine.

Toi, bien né, tu penses que ça te donne le droit de posséder la démocratie et d’en refuser l’accès à des « étrangers », sous prétexte qu’il s’agit de ton pays ? Que rendre imperméables nos frontières nous préservera du terrorisme ? Tu n’as rien compris, malheureux. C’est précisément la haine qui nourrit le fanatisme et pousse les extrémistes à agir de la sorte. Parce qu’ils s’opposent à la liberté de penser, de s’exprimer, de vivre librement, d’adopter les principes qui régissent la convention des droits de l’homme. Et toi, en vomissant ta haine des musulmans et en leur attribuant la paternité des événements actuels, tu t’approches plus de ce fanatisme que du respect de ces valeurs essentielles de liberté.

Je te signale aussi que les musulmans, dans leurs pays d’origine, sont des victimes, en masse et d’une ampleur bien supérieure à la nôtre, du terrorisme, de la dictature, de l’absence de respect des droits de l’homme. Rien qu’en 2015, les pays ayant subi le plus d’attentats sont le Pakistan, l’Inde, l’Arabie Saoudite, le Nigéria, la Somalie, la Lybie, l’Egypte, l’Irak, le Yemen, l’Afghanistan, le Liban, et j’en passe. Des milliers de victimes, des milliers de musulmans. Sous quel fallacieux prétexte leurs morts seraient-ils moins importants que les nôtres ? Qui y pense d’ailleurs ? Lequel de nos dirigeants leur envoie des télégrammes de condoléances ? Quel monument de nos contrées est éclairé aux couleurs de leurs drapeaux ?…

Alors oui, comme nombre d’entre nous j’ai mis ma photo de profil Facebook en bleu-blanc-rouge parce que je m’identifie plus à mes voisins français qu’à mes amis africains et autres, mais je ne suis pas moins touchée par les pertes abjectes de ces derniers, et je prends conscience de l’importance de le leur signifier.

J’ai eu le bonheur d’être accueillie par le Maroc pendant près de 10 ans. Personne ne m’a jamais demandé d’adopter la culture marocaine. On a par contre parfaitement respecté la mienne. Je n’ai jamais fait le ramadan, je n’ai jamais porté de voile, je n’ai jamais appris leur langue et je le regrette. Parce que j’estime que c’est la moindre des choses. Je n’ai pas été ce bel exemple d’intégration que tu exiges, mais ça ne te choques pas, toi qui penses que nous, « les blancs », nous pouvons nous permettre d’être ailleurs comme nous sommes ici, mais que ceux d’ailleurs doivent adopter notre manière de vivre. Alors oui, bien sûr, il y a des efforts à faire de part et d’autre, et ils se résument au respect mutuel.

À l’heure où nous entendons partout qu’il faut se battre contre le terrorisme, battons-nous aussi et surtout contre cette fervente haine que tentent de diffuser ceux qui nous ressemblent de par notre origine commune, couleur de peau, culture, mais diffèrent par la bêtise affligeante dont ils inondent notre société. Car ce sont bien eux qui menacent en première ligne notre liberté.

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