Anne-Sophie Bailly

L’édito d’Anne-Sophie Bailly: « En 2022, il suffirait d’un grain de sable pour que la machine économique s’enraye »

Anne-Sophie Bailly Rédactrice en chef

Contre toute attente, 2021 n’aura pas été catastrophique, au niveau économique. Et 2022 devrait suivre la même tendance, même si le spectre Omicron et de l’inflation plane et pourrait gripper l’engrenage.

Les marchés financiers ont donc entamé 2022 de la même manière qu’ils avaient clôturé 2021: à la hausse, toute! Les Bourses, qu’elles soient européennes ou américaines, ont en effet terminé l’année écoulée sur des progressions marquées, souvent à deux chiffres. Malgré les mesures sanitaires, malgré les restrictions de déplacements, malgré le télétravail et l’absentéisme, malgré l’augmentation des coûts de l’énergie, malgré les variants.

Comment alors expliquer ce bull market soutenu? Tout d’abord, 2021 fut l’année du grand retour de l’investisseur particulier, détenteur de liquidités et conscient de la perte de valeur d’une épargne placée sur un livret, vers la Bourse. Ensuite, les mesures de soutien et les plans de relance publics ont amorti le choc économique de la pandémie. Enfin, les bénéfices des entreprises sont globalement élevés et en croissance. Et quelques géants comme Amazon ou Alphabet (Google), poids lourds des indices boursiers, ont largement profité de la Covid et des périodes de confinement.

Autant de facteurs qui ont porté les cours des actions à des niveaux de valorisation (trop?) élevés, accroissant à la fois les gains et les risques. Il suffirait donc d’un grain de sable pour que la machine s’enraye. Les investisseurs en ont d’ailleurs eu un avant-goût en novembre dernier, lorsque le patron de Moderna a émis des doutes sur l’efficacité des vaccins sur le variant Omicron. Les marchés s’en étaient émus et avaient enregistré quelques séances consécutives à la baisse. Un retour sur Terre brutal, mais salutaire, pour les investisseurs.

Même si la tendance macroéconomique reste globalement positive pour 2022, d’autres facteurs pourraient bien gripper l’engrenage. La situation sanitaire, l’apparition de nouveaux variants couplée à une inefficacité vaccinale et un absentéisme majeur dans les entreprises s’inscrivent en tête de liste des préoccupations. A côté de cela, c’est évidemment le spectre de l’inflation qui plane. Annoncée au départ comme transitoire, cette hausse des prix semble s’installer à un niveau élevé . Or, qui dit inflation forte dit, dans un premier temps, ralentissement de la consommation des ménages et, qui sait, dans un deuxième temps, intervention des banques centrales avec, dans la foulée, une volatilité des marchés financiers. Volatilité qui, si elle fera le bonheur des traders, pourrait secouer l’investisseur particulier.

Ces grains de sable existent. S’en souvenir, c’est aussi prendre conscience que, non, les marchés financiers ne vivent pas encore tout à fait dans une réalité alternative.

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