Un supermarché, ce sont des milliers de produits transformés. © Daina Le Lardic/Isopix

Le scandale alimentaire, scénario à répétition

Soraya Ghali
Soraya Ghali Journaliste au Vif

Haché périmé, oeufs au fipronil… Ces crises alimentaires illustrent les dysfonctionnements du circuit alimentaire.

Le scandale Veviba, du nom de cette entreprise appartenant au groupe Verbist et exploitant l’abattoir de Bastogne éclate au printemps. Leçon de choses sur la malbouffe et sur la fraude : l’abattoir fabriquait son haché aux déchets carnés et vendait de la viande périmée – les dates de péremption étaient trafiquées – à des voisins européens. Ces tricheries lui ont évidemment permis d’augmenter ses profits.

L’affaire illustre, une nouvelle fois, les dysfonctionnements et l’opacité du circuit alimentaire. Avec un scénario récurrent : un produit qui n’aurait pas dû être là se retrouve dans les assiettes, quand bien même il ne serait pas dangereux pour la santé humaine. Au départ, il y a souvent le hasard, puis le scandale et la fraude. Au coeur du système, l’Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire (Afsca), déjà créée au lendemain d’une crise alimentaire, celle de la dioxine. Mise sur pied pour renforcer les contrôles, cet appendice du ministère de l’Agriculture et de la sécurité alimentaire n’a pas bien communiqué, pas anticipé, pas agi assez vite. En presque vingt ans d’existence, l’Afsca se sera davantage fait connaître pour les fermetures de boucheries artisanales, la traque à la tarte au riz ou la chasse aux soupes maison dans les écoles que pour avoir inquiété un groupe agro- alimentaire. Face à cette faillite du public comme du privé, le politique a donné des moyens supplémentaires pour mieux surveiller et contrôler la filière de la viande, tant du point de vue des risques sanitaires que de la fraude.

Depuis, les inspections dans les abattoirs, les ateliers de découpe et les centres frigorifiques ont augmenté. Le hic, en fait, c’est le schéma, ce modèle productiviste à bas prix et peu durable. L’attention des pouvoirs publics demeure concentrée sur la question des contrôles et aucune réflexion, aucune remise en cause n’est portée pour changer en profondeur le système du  » vouloir manger plus vite et moins cher « . Quand un consommateur entre dans un supermarché, il est confronté à des milliers de produits transformés par l’industrie alimentaire. La logique des transformations est de fractionner, raffiner, extraire les composants énergétiques des aliments, pour ensuite les assembler, jouer sur la texture, les couleurs, le goût par divers artifices. Ce petit jeu à l’échelle industrielle nous condamne à vivre avec les scandales alimentaires.

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