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Le roi met en garde la classe politique

A l’occasion du traditionnel discours de la Fête nationale, le roi Albert II a saisi son « droit de mettre garde (…) fortement et avec conviction » pour dénoncer l’absence de gouvernement et le manque de courage du monde politique.

Le roi a commencé son discours en partageant sa déception face à une crise politique qui dure depuis plus de 400 jours. « J’aurais aimé me réjouir avec vous de la prestation de serment d’un nouveau gouvernement fédéral de plein exercice. Nous n’en sommes hélas pas là, et je le déplore ».

Il a toutefois rendu hommage au travail d’Yves Leterme et de son gouvernement en affaires courante qui « a su prendre efficacement les mesures nécessaires pour préserver dans l’avenir proche le bien-être des citoyens ».

Une mise en garde dans le fond et dans la forme

« Mais cela ne diminue en rien l’urgence de former un gouvernement de pleine responsabilité qui devra faire les réformes nécessaires », a-t-il ajouté.

Le roi ne s’est pas contenté d’une mise en garde dans le fond, mais également dans la forme. Le ton est plus rude, un poil plus haut et empreint d’inquiétude.

Invoquant le constitutionnaliste anglais du 19e siècle Walter Bagehot, le souverain cite les prérogatives de la monarchie constitutionnelle: « le droit d’être informé, le droit d’encourager et le droit de mettre en garde ». C’est ce dernier droit dont il entend faire aujourd’hui usage « fortement et avec conviction ».

Quatre raison justifient la mise en garde du roi : le record de la plus longue crise qui crée un sentiment d’inquiétude. La durée de cette crise qui suscite de l’incompréhension vis-à-vis du monde politique dans une grande partie de la population et risque de développer une forme de poujadisme dangereuse et néfaste pour la démocratie. De plus, cette crise, si elle dure, pourrait affecter de bien-être économique et social de tous les Belges. Le Souverain craint enfin que la situation puisse endommager notre position clé au sein de l’Europe. « Notre pays a été considéré comme un modèle. Mais la situation actuelle crée de l’inquiétude », ajoute-t-il.

Dès lors, le roi estime qu’il ne serait pas fidèle à son rôle s’il ne rappelait pas « solennellement les risques qu’une longue crise fait courir à tous les Belges » et s’il n’exhortait pas à nouveau « tous les hommes et les femmes politiques, et ceux qui peuvent les aider, à se montrer constructifs et à trouver rapidement une solution équilibrée à nos problèmes ». « Il est évident que chaque parti devra faire des concessions. Le vrai courage est de chercher le compromis qui rassemble. »

Il s’adresse ensuite aux citoyens, qui doivent aussi s’efforcer de favoriser une meilleure entente entre communautés en parlant la langue de l’autre, en s’intéressant à sa culture.

Le roi Albert II termine son discours en rendant hommage au médecin congolais Denis Mukwege, lauréat du prix roi Baudouin pour le développement, qui soigne les femmes victimes de terribles violences sexuelles à Bukavu, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Il appelle la Belgique, l’Union européenne et les Nations Unies à collaborer avec les autorités congolaises et des pays voisins pour mettre fin à ce drame.

Le Vif.be, avec Belga

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