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 » Le PS ne doit en aucun cas accepter le retour du MR « 

Le président de la FGTB liégeoise, Marc Goblet, pousse le Parti socialiste à empêcher le retour au pouvoir des libéraux. « Mieux vaut encore aller aux élections », déclare-t-il. Pour lui, Didier Reynders représente la « droite extrême ».

On annonce ce mercredi une nouvelle journée cruciale pour la suite des négociations. Certains estiment que la N-VA fait monter les enchères de façon excessive. C’est votre avis ?

Marc Goblet : Bart De Wever voudrait limiter les allocations de chômage dans le temps. Il propose de réduire l’impôt sur les sociétés pour un montant de dix milliards. C’est quand même extraordinaire ! Cette réduction-là, elle ne servira pas à créer de l’emploi ni à favoriser l’investissement. Elle servira à payer plus des actionnaires qu’on ne connaît pas. En matière de fiscalité, on doit revenir à un système plus simple, et on doit rendre l’impôt plus progressif. C’est-à-dire tout le contraire de la dernière réforme fiscale, voulue par Didier Reynders ! La suppression des tranches de revenus imposées à 52,5 % et à 55 % a bénéficié à 9 % des contribuables. Je suis dedans, je ne vais pas le cacher. Mais je trouve ça injuste… La société belge n’a jamais été aussi inégalitaire qu’aujourd’hui. Moi, je pense que c’est une volonté politique que ce soit aussi inégalitaire.

Dans l’immédiat, il reste une réforme de l’Etat à réaliser et un gouvernement à former. Quelle vous semble être la bonne voie pour y arriver ?

La semaine dernière, au Cercle de Wallonie, Bart De Wever a déclaré : je ne vois pas comment on va pouvoir y arriver. Moi, je veux bien prendre le pari… La vision socio-économique de Bart De Wever, c’est un vrai programme de droite. Il bloque avec les partis de l’Olivier : PS, Ecolo et CDH. Amenez le MR à la table des négociations, vous allez voir, ça va aller vite.

Parallèlement à vos fonctions syndicales, vous avez été échevin à Herve et président de la fédération verviétoise du PS. Que conseillez-vous à votre parti ?

Certainement pas d’accepter le retour du MR. Mieux vaut encore aller aux élections, même si ce serait une catastrophe pour le pays.

Certains affirment que le retour du MR représente la seule issue possible à l’impasse politique actuelle.

Prétendre qu’on sauvera le pays de cette manière-là, c’est donner 100 % raison à De Wever. C’est le placer dans une situation où, à l’avenir, c’est toujours lui qui décidera de tout, tout le temps. Si jamais le conciliateur Johan Vande Lanotte échoue et remet son rapport au Roi, deux possibilités se dégagent. Soit le Roi décide la dissolution des chambres, soit il essaye encore quelque chose. Il pourrait prendre l’initiative de ramener à la table le MR ou le VLD, par exemple en confiant une mission à une personnalité libérale. Toute la question sera alors : est-ce que le PS accepte de rentrer dans ce jeu-là ?

Votre opinion ?
Pour moi, il ne doit en aucun cas accepter.

Organiser à nouveau des élections, ne serait-ce pas donner une image désastreuse de la Belgique ?

Qu’est-ce qui peut être suffisant pour Bart De Wever ? Chaque fois qu’on fait un geste, une concession, il remonte le niveau de ses exigences. A un moment, on doit lui dire stop.

Pourquoi le retour du MR au gouvernement vous paraitrait-il si catastrophique ?

Il est clair que j’ai bien plus de facilités avec Ecolo ou le CDH qu’avec le MR. D’ailleurs, dans ma commune, à Herve, j’ai été à la base depuis 2000 d’une coalition PS-CDH. Au grand dam de Pierre-Yves Jeholet qui s’est déjà vu deux fois bourgmestre et qui a été barré. Et je ferai tout pour qu’il le soit encore. Jeholet, c’est l’homme de Reynders…

Que lui reprochez-vous ?

Pour moi, c’est la droite pure et dure. Didier Reynders oppose les travailleurs entre eux, entre ceux qui ont la chance d’avoir un travail et ceux qui n’en ont pas. Le sous-entendu de son discours, c’est que ceux qui ne travaillent pas, ce sont des fainéants. A la FGTB, nous combattons bien sûr l’extrême droite, mais nous devons aussi nous méfier de la droite extrême. Pour moi, Reynders, c’est clairement la droite extrême.

ENTRETIEN : FRANÇOIS BRABANT

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