Coronavirus - Le Covid Safe Ticket élargi entre en vigueur à Bruxelles ce vendredi © belga

Le pass sanitaire risque-t-il de radicaliser les réticents ?

Soraya Ghali
Soraya Ghali Journaliste au Vif

Dans le courant du mois d’octobre, les Bruxellois et les Wallons devront présenter un pass sanitaire dans de nombreux lieux publics. Le but : pousser à la vaccination, surtout dans les zones problématiques. Mais le dispositif ne fait pas l’unanimité.

Le Gems mettait déjà en garde dans son rapport du 24 août: « Le CST devrait prioritairement être vu comme un outil de réduction des risques plutôt qu’une obligation cachée de se faire vacciner ou un pass donnant accès à des libertés. » Il attirait l’attention sur l’importance d’éviter que s’instaure, au sein de la population, l’impression que le CST soit utilisé « comme une stratégie pour séduire ou manipuler les gens ». Enfin, il estimait que le CST risquait de renforcer la résistance vaccinale au sein de certaines populations et conduise à polariser la société. Difficile, en tout cas, de l’instaurer en Flandre où presque 79 % des plus de 12 ans sont ou seront totalement vaccinés et où, dès le 1er octobre, l’obligation du port du masque au travail, à l’école et dans les commerces sera levée.

u0022De manière générale, nous assisterons à une division de la population, propre à nourrir un sentiment d’exclusion.u0022

En réalité, on ignore l’impact du CST, le comportement humain n’étant pas une science exacte. En résumé, on ne sait pas si la coercition créera de la « réactance », un mécanisme de défense psychologique déclenché dans des situations où l’individu tente de maintenir sa liberté d’action qu’il estime menacée. Mais on peut aussi imaginer l’inverse. En revanche, une chose est sûre : le pass sanitaire en viendra à gêner l’individu qui souhaiterait s’y soustraire, à gêner sa vie sociale.

« De manière géné rale, nous assisterons à une division de la population entre deux catégories de citoyens, propre à nourrir un sentiment d’exclusion pour celles et ceux qui refuseront de se faire vacciner ou qui, plus simplement, seront hésitants », analyse, dans Le Monde, Pascal Ducournau, professeur à l’univer sité de Franche-Comté. Cette éven tuelle division semble pleinement assumée par les exécutifs. Ainsi, le ministre-président bruxellois Rudi Vervoort (PS) a déclaré en avoir assez de « ceux qui, par leur refus du vaccin, empêchent les autres de recouvrer leur pleine liberté« . Toujours selon Pascal Ducournau, à la gêne sociale des hésitants et des réticents viendra, tôt ou tard, se mêler une honte politique, celle de ne pas avoir accompli son devoir citoyen. Ces sentiments finiront par en convaincre certains. Mais « ce nouveau modèle de politique sanitaire fondé sur la gêne porte également en lui le risque d’un retournement du stigmate, celui d’individus qui pourraient finalement se déclarer fiers de leur exclusion au nom de la liberté ».

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