Michel Delwiche

Le Monopoly de Didier Bellens

Michel Delwiche Journaliste

Encore une tuile pour Belgacom? Son patron, Didier Bellens, est également administrateur d’une société immobilière intéressée (ô combien!) par le portefeuille de bâtiments de Belgacom.

Il est tout de même piquant de constater que deux des hommes d’affaires les plus controversés à l’époque actuelle sont tous deux à la tête d’entreprises de télécommunications, Didier Bellens chez Belgacom, entreprise publique autonome majoritairement détenue par l’Etat belge, et Stéphane Moreau, chez Tecteo-Voo-Resa-Betv, qui appartient aux pouvoirs locaux. Des entreprises de télécoms, mais où la com fait défaut. Absence totale de transparence dans la gestion de Tecteo par un manager présenté comme brillant mais quelque peu mégalo, qui fait l’impasse sur sa propre situation financière. Et soupçons de petits arrangements du côté du patron de Belgacom qui, s’ils se confirment, en font un roi des casseroles.

Aujourd’hui, c’est une nouvelle fois du côté de l’immobilier qu’on lui reproche des choses, avec ce projet de vente d’un immeuble bruxellois de Belgacom à une société dont il est administrateur. Et il ne s’agit pas d’une maison ouvrière: l’immeuble en question est estimé à près de 50 millions et, selon De Morgen, la société Immobel envisagerait de le transformer en résidence-service de 300 appartements. Immobel n’est pas le premier venu sur le marché immobilier. La société, qui a réalisé un bénéfice net de près de 12 millions d’euros en 2012, vient en effet de fêter le 150e anniversaire de son introduction en bourse. Didier Bellens fait partie du conseil d’administration d’Immobel, mais est également membre du cercle plus fermé que constitue le comité d’audit et financier et préside le comité de rémunération et de nomination. Quand on voit le chassé-croisé de têtes entre Immobel et Belgacom, on comprend qu’il s’agit là de postes stratégiques.
Quelle image !

Et même si Didier Bellens ne participe pas aux réunions du conseil d’administration de Belgacom quand il s’agit de dossiers Immobel, le soupçon de conflit d’intérêt ne peut pas être balayé d’un revers de main. D’autant qu’il y a encore d’autres affaires pendantes, dont la vente d’un immeuble montois de Belgacom.

Belgacom. Voilà une société dont le CEO joue à un Monopoly truqué. Dont le président du Conseil d’administration Michel Moll a été contraint à la démission pour incompatibilité de sa fonction avec celle de consultant pour un concurrent chinois soupçonné, de surcroît, d’espionnage. Et dont le nouveau président, Stefaan De Clerck, écorne encore l’image en déclarant que, outre sa nouvelle rémunération, il va empocher son indemnité de départ de la Chambre.

Un thriller avec toutes ces composantes serait jugé non crédible…

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