Liesbeth Van Impe

Le mieux est l’ennemi du bien

VOLTAIRE NOUS AVAIT DÉJÀ MIS EN GARDE : qui vise la perfection risque d’ignorer les vertus de ses acquis. Il semble que la note de Johan Vande Lanotte en vue de réaliser la sixième réforme de l’Etat doive être considérée sous ce prisme-là. Certes, ses propositions ne sont pas parfaites. Elles se situent en deçà des attentes de la N-VA et rompent le statu quo que le PS fit miroiter à ses électeurs. Il n’y a donc pas lieu de pavoiser. Le tout est de savoir si la copie de Vande Lanotte est suffisamment bonne pour passer la rampe.

LIESBETH VAN IMPE, Editorialiste au Nieuwsblad

Ce qui est certain, c’est que l’emploi de termes dénigrants tels que « cacahouètes » et « pas de nain » serait déplacé. Si la note aboutissait à un accord, le pays serait définitivement libéré de la tumeur BHV, les compétences socio-économiques ressortiraient à des Régions habilitées à mener une politique à la mesure de leurs besoins, et le remodelage des flux financiers permettrait de créer des dynamiques nouvelles. En plus, une première amorce, toute modeste, de la réforme de Bruxelles serait engagée. Il faudra espérer que les Bruxellois prendront un jour conscience que davantage d’efforts s’imposeront.

Mais la note de Vande Lanotte rencontrera-t-elle les exigences d’une réforme systémique exprimées par Bart De Wever et cautionnées par ses (nombreux) électeurs ? Voire. Les nationalistes flamands vont subir le test de leur capacité à conclure un compromis. Il leur sera facile d’en grossir les points faibles, de stigmatiser les attentes déçues et de railler des solutions concoctées à la petite semaine. Mais les autres partis sont eux aussi logés à la même enseigne. Cela tient à la nature d’un compromis. La N-VA sera-t-elle disposée à privilégier les avancées contenues dans le texte du médiateur royal plutôt que de se fixer sur les manquements ?

La note de Vande Lanotte aura aussi, inévitablement, des implications pour les francophones. Ceux-ci auraient pu aller plus loin. Mais ils ne s’y sont pas résolus. Cela se comprend politiquement, bien sûr, mais n’est pas sans conséquences. Le « non » rigide asséné en 2007 par le camp francophone a conduit tout droit, en 2010, à la ferme détermination des Flamands. Les imperfections et les failles d’une sixième réforme de l’Etat en 2011 ouvriront la voie, dans un proche avenir, à une septième version. Dans ces conditions, si la paix communautaire venait à être rachetée, ce serait un leurre de croire qu’elle tiendra bon pendant vingt ans.

Ceux qui torpilleraient le travail de Vande Lanotte doivent savoir qu’aujourd’hui beaucoup de choses se trouvent sur la table des négociations. Ceux qui rejetteraient la note ne savent pas ce qu’une prochaine table leur réservera. Le mieux est l’ennemi du bien !

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