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Le gouvernement Michel entame avec mollesse ses derniers mois

Stavros Kelepouris
Stavros Kelepouris Journaliste pour Knack.be

La dernière déclaration gouvernementale du Premier ministre Charles Michel, sept mois avant la fin de la législature, n’a pas été d’un grand secours pour contrer la perception selon laquelle le gouvernement est déjà presque en affaires courantes.

Le gouvernement Michel entre dans sa dernière année. Et selon le Premier ministre Charles Michel, le gouvernement compte bien au cours de ses sept derniers mois de règne encore s’atteler à plusieurs grands chantiers. L’accord sur l’emploi et le pacte d’investissement doivent être peaufinés, la question des migrations continue de se poser, la stratégie énergétique et les investissements dans la défense méritent d’être clarifiés, et la réforme des pensions n’est pas bouclée.

Cependant, la taille de ces dossiers contraste fortement avec la capacité de décision qui émane encore de la majorité. Depuis quelque temps déjà, les élections communales paralysent le travail du gouvernement et la peur d’offrir à l’autre les lauriers de la victoire – un problème récurrent dans ce gouvernement – ne fait que croître à l’approche des élections fédérales.

De plus, la conception d’une stratégie énergétique globale et les changements au sein du système de retraite sont des réformes à ce point colossales qu’il est utopique pour un gouvernement d’y parvenir au cours de sa dernière année politique. Des dossiers aussi volumineux doivent être engrangés en tout début de législature, faute de quoi ils ne donneront rien.

Le gouvernement Michel a eu quatre ans pour clôturer les discussions autour de l’abandon du nucléaire et de la définition des métiers lourds. Sauf que, dans un cas, comme dans l’autre, rien de satisfaisant n’est sorti du chapeau. Les chances que les ministres MR Marie-Christine Marghem et Daniel Bacquelaine y parviennent endéans les sept prochains mois, et avec des élections à l’horizon, sont donc minuscules.

L’achat de nouveaux avions de chasse, principal investissement militaire à venir, aurait pu être achevé il y a longtemps. Sauf que le Premier ministre a lui-même freiné la procédure en maintenant l’option française ouverte. Il a pris le dossier personnellement en main et ne prendra sa décision que lorsqu’il pourra offrir à Emmanuel Macron quelques centaines de millions d’investissements dans le projet SCAF et ainsi participer ainsi à un projet militaire européen en cours de réalisation.

Il y avait cependant une bonne nouvelle dans la déclaration gouvernementale de Michel. Elle n’était certes pas bien grande, mais pas pour autant insignifiante. Suite à un entretien téléphonique avec la chancelière allemande Angela Merkel, on nous assure que l’approvisionnement en énergie ne sera pas perturbé cet hiver. Le gouvernement veut aussi créer un fonds destiné à la vérification des faits pour contrer les fake news. L’appel lancé par Michel aux jeunes pour qu’ils optent pour les valeurs européennes de liberté, de vérité et de démocratie lors du prochain tour de scrutin a lui aussi obtenu quelques applaudissements justifiés.

En outre, la majorité du gouvernement peut se targuer de beaux résultats en ce qui concerne la reprise de l’économie et du marché du travail. Les critiques, parfois justes, mais pas toujours justifiées, de l’opposition ne peuvent ignorer que l’économie est en effet en meilleure santé qu’il y a quatre ans.

En même temps, le budget demeure un sujet de préoccupation, un sujet sur lequel le gouvernement Le gouvernement Michel aurait du bien davantage se pencher.

Le grand absent dans ce discours était Arco. Après des années de promesses, le gouvernement semble encore embourbé dans cette affaire. Même au CD&V on semble ne plus trop vouloir s’y brûler les doigts. C’est symptomatique des dernières tensions de ce gouvernement : ils sont rompus après cette législature qui, malgré le fait qu’elle n’ait pas été interrompue par des élections, a donné l’impression de n’être qu’une perpétuelle campagne électorale avec une majorité dans laquelle la méfiance mutuelle n’a été vaincue qu’en de rares occasions.

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