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Le Centre Wiesenthal réclame le départ de De Clerck

Le centre Simon Wiesenthal a réclamé mardi le départ du gouvernement belge du ministre de la Justice, Stefaan De Clerck (CD&V), dénonçant son « apparente approbation du génocide » après des propos controversé sur la collaboration en Belgique durant la seconde guerre mondiale.

Stefaan De Clerck « doit être rapidement relevé de ses fonctions au sein de son ministère et de son parti et doit s’effacer de la sphère politique », a déclaré un responsable du centre, Shimon Samuels, dans une lettre adressée au Premier ministre, Yves Leterme.

Stefaan De Clerck avait appelé dimanche à la télévision à un débat « adulte » sur la collaboration et sur sa répression. Il avait ajouté qu’il fallait être prêt « aussi peut-être à oublier, parce que c’est du passé ». Un propos qui a déclenché une vague de protestations, essentiellement côté francophone.

Lundi, Stefaan De Clerck s’est dit mal compris, estimant qu’il « ne peut jamais être question d’oublier » mais réitérant son appel à un débat « raisonné ». Le ministre de la Justice a indiqué dans un communiqué n’avoir pas voulu « minimiser » les actes de collaboration perpétrés durant la seconde guerre mondiale, l’objectif du débat qu’il appelle de ses voeux, ne pouvant, a-t-il précisé, jamais conduire à « oublier ces faits » mais à « situer le passé à sa juste place et à l’appréhender de manière raisonnable ».

« Il ne peut bien évidemment jamais être question de gommer ce chapitre douloureux de notre histoire et d’opter pour une lecture sélective et donc subjective du passé. Il ne peut donc être question de révisionnisme, de manque de respect aux victimes de la seconde guerre mondiale, de l’installation d’un climat politique malsain et antidémocratique en Flandre, comme certains l’avancent aujourd’hui », a ajouté M. De Clerck en réaction aux critiques entendues dimanche dans la bouche d’élus francophones.

« Au contraire », a précisé le cabinet du ministre, « si le parlement devait décider de mener un débat sur cette question, Stefaan De
Clerck a plaidé pour qu’il se tienne de façon sereine et transparente, de sorte que le passé puisse être étudié de façon précise et objective.

Même les pages les plus sombres de notre histoire ne peuvent faire l’objet de tabous et doivent donc pouvoir être discutées. Il faut continuer, avec force, plus de soixante après (la guerre), à reconnaître toute la vérité, mais en même temps, oeuvrer à la réconciliation, par exemple, s’agissant des générations qui ont succédé aux condamnés ».

Et le ministre de préciser son intervention de dimanche en soulignant que « le droit pénal international admettant à présent le principe d’imprescriptibilité des crimes contre l’humanité, l’objectif ne peut être d’oublier ces faits ou de les minimiser », le débat qu’il appelle de ses voeux devant servir à « situer le passé à sa juste place et l’appréhender de manière raisonnable ».

« Il ne faut pas s’étonner que l’antisémitisme soit en recrudescence (…) lorsque que votre premier responsable en matière de justice prône « l’oubli des crimes nazis » », écrit dans sa lettre M. Samuels.

Le centre, spécialisé dans la traque des anciens nazis, demande donc à Yves Leterme, dont le gouvernement gère les affaires courantes depuis un an, « d’enquêter et de condamner De Clerck pour sa trahison apparente de l’Histoire, l’obscurcissement de ses leçons et son mépris pour la notion même de justice ». « Rester muet reviendrait à être complice de son apparente approbation du génocide », conclut-il.

Le Sénat a jugé recevable le 12 mai une proposition de loi émanant du Vlaams Belang visant à amnistier ceux qui ont été condamnés pour des faits de collaboration à l’issue de la Seconde Guerre mondiale. Côté flamand, seuls les élus écologistes ont voté contre cette recevabilité.

Le Vif.be, avec Belga

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