Florence Hainaut

L’avenir politique sera sublime, forcément sublime

Florence Hainaut Journaliste

On ne va pas se mentir, la situation politique est un petit peu tendue. Soulignons la courageuse tentative de diversion par le roi Albert qui a accepté le test ADN que Delphine Boël lui réclame depuis des années sous peine de continuer à faire des couronnes en papier mâché. Dans cette purée de poids idéologique, comment trouver la lumière ? Un art divinatoire en chasse un autre et vient à votre secours, pauvres mortels.

Par Florence Hainaut, la star des voyantes et la voyante des tsars. Egalement docteure ès nicnacologie

Mon dernier horoscope ayant visiblement été moyennement pris au sérieux (quoique qu’il ne me semble pas avoir vu Jean-Marc Nollet refaire un coeur avec les doigts depuis), il est temps de laisser un autre art divinatoire s’exprimer, j’ai nommé la tristement sous-estimée nicnacologie qui consiste à plonger son innocente et replète menotte dans un paquet de Nic Nac et d’y piocher des biscuits au hasard. Après, du moins quand on est doté du don qui m’a été offert, il suffit de se laisser inspirer par les lettres que le destin a placé dans ladite menotte. Le Nic Nac, contrairement au marc de café, fait un piètre gommage corporel et n’annonce pas l’avenir, mais il démêle le présent, et vu la situation dans laquelle nous nous trouvons, c’est déjà ça de gagné.

C comme confédéralisme : le fait que mon dictionnaire ne reconnaisse pas le mot est plutôt révélateur. Le confédéralisme c’est donc ce qui nous pend au nez si le gouvernement fédéral est formé avec une majorité flamande « gagnante » (N-VA et Belang) ou si les « perdants » s’allient ou si les « gagnants » francophones (Ecolo et PTB) réclament leur part du gâteau. Bref, par la porte ou par la fenêtre, les ténors du nord nous l’assurent, on y va et pas à reculons. Alors qu’est-ce que le confédéralisme exactement ? Je vous trouve bien curieux pour des gens qui ne se sont jamais demandés à quoi servait la Cocom.

Ecomme exclusive. L’art de l’exclusive est délicat. Par exemple, quand Bart De Wever dit « pas avec Ecolo qui me traite de nazi », ça va. Quand le soir des élections, les ténors du MR disent « pas avec le PTB », ça va. Mais quand le PTB dit « pas avec le MR et le CDH », ça, c’est complètement irresponsable et ça rappelle les heures les plus sombres de notre histoire. Un art délicat, je vous avais prévenus.

S comme « sapristi, il est toujours vivant celui-là ? » Gérard Deprez, dont nous avons tous appris avec surprise qu’il était encore parmi nous, est donc sorti de sa capsule de cryogénisation pour dire qu’il rêvait d’unir le MR, le CDH et Défi. La dernière fois qu’on l’a décongelé c’était en 1999 et il fantasmait sur l’union du PRL, du FDF et du MCC. Vivement 2039.

T comme « toujours fait comme ça » En voilà un nom de coalition beaucoup plus parlant que ceux qui se rapportent aux drapeaux de pays que David Clarinval ne sait pas placer sur la carte du monde. En Wallonie, on n’a peut-être pas de pétrole mais on sait interpréter le signal de l’électeur, ce petit animal instable et erratique qui aime le pecket au cuberdon, c’est dire si on ne peut pas lui faire confiance. On réfléchit donc à une majorité PS-MR parce qu’on a toujours fait comme ça.

L comme LOL : « Le cdh fait le choix de l’opposition » nous répète sur tous les tons ce qui reste du contingent humaniste et bienveillant. C’est marrant parce que d’après ce Nic Nac, ce sont plutôt les électeurs qui ont fait ce choix à sa place. Mais bon, peut-on vraiment faire confiance à un Nic Nac ? Jean Gol disait du PSC « Vous verrez, un jour ils ne seront plus que trois membres et ils seront tous les trois ministres ». Et tout le monde sait que Jean Gol est autrement plus fiable qu’un biscuit à l’huile de palme.

A comme amnésie : il y a trois semaines le MR accusait le PS de filer la chtouille au sud du pays et Ecolo de vouloir tous nous faire mourir dans des toilettes sèches, pendant que le PS hurlait que le MR avait réintroduit la peste bubonique et qu’Ecolo, comme d’habitude, faisait des coeurs avec les doigts en répétant qu’ils voulaient une « vie plus chouette ». Depuis, ils ont rencontré Pascal le grand frère, ils sont allés crier dans la forêt et tout est oublié, ils organisent un grand jamboree. Charles fait le feu, Elio amène les marshmallows à griller et Jean-Marc prépare une feuillée. On appelle ça le pragmatisme, apparemment. Quant à Zakia, elle a décliné, elle a atelier de confection de testicules en crochet. Elle pourra ensuite sauter dessus à pieds joints en hurlant que jusqu’à preuve du contraire elle fait encore ce qu’elle veut de sa vie et que si c’est pour faire la vaisselle des trois pompeux cornichons, elle est mieux chez elle.

M comme Modrikamen. Le pragmatisme a parfois du bon. Au revoir, petite chose moyennement utile.

E c’est la 5e lettre de l’alphabet, ce qui évoque d’emblée la 4e place de Georges-Louis Bouchez à la Chambre (vous vous permettrez de juger mes associations d’idées quand vous saurez lire dans les biscuits). Une place de battant, disait-il avant d’être battu. Je passe du coq à l’âne mais il fut une époque où j’avais comme collègue une fille qui, quand elle n’avait pas l’horaire qu’elle voulait, pleurait et prenait un congé maladie. Et ça finissait toujours par fonctionner. Par contre, plus personne ne pouvait la saquer dans l’open space. Bref, Georges-Louis ne revend plus son abonnement SNCB, il s’apprête selon toute vraisemblance à devenir sénateur.

R comme « retour vers le futur ». Didier Reynders et Johan Vande Lanotte désignés informateurs par le roi. Ça me rappelle vaguement la première année où j’ai eu le droit d’exercer mon droit de vote. Le signal de l’électeur était visiblement clair, il fait semblant de voter pour un renouveau politique mais au fond de lui, il aime encore bien qu’on fasse comme on a toujours fait.

D comme déficit de 11 milliards : j’ai tellement hâte de voir tous ceux qui hurlaient à la rage taxatoire des autres expliquer qu’on ne peut pas faire autrement et que les promesses de campagne n’engagent que ceux qui y croient.

E comme Europe. Pourquoi cet endroit où sont confectionnés les textes qui vont constituer 50 % de nos lois nationales est vu comme une espèce de grand sanatorium ? Mystère. Mais si le troupeau de dinosaures blessés dans leur ego et qui s’est soudainement découvert une passion pour l’Europe a vraiment besoin de se reposer, je ne saurais que trop lui conseiller le Grand Fâ à Malmedy. La chambre de ma grand-mère s’y est récemment libérée. Dommage, vous l’auriez bien fait rire.

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