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L’armée belge en mode survie

Olivier Rogeau
Olivier Rogeau Journaliste au Vif

Très embarrassé, Steven Vandeput. Le ministre N-VA de la Défense, contraint de reporter à l’automne son plan stratégique, se demande comment restructurer une armée sinistrée.

Le ministre N-VA de la Défense, Steven Vandeput, est à la peine face aux choix stratégiques à opérer, sur fond de coupes budgétaires prévues dans son département. D’ici à 2019, la Défense, déjà mise à contribution ces dernières années, devra réaliser plus de 1,5 milliard d’économies, dont 220 millions dès cette année. Avec un niveau de dépenses réduit à 0,5 % du PIB dans quatre ans – alors que l’Otan réclame 2 % -, il n’est plus possible, selon le général à la retraite Jo Coelmont, chercheur à l’institut Egmont, d’investir dans le renouvellement du matériel militaire, dont une bonne partie arrivera en fin de vie au cours de la prochaine décennie. Et la Belgique ne pourra plus participer à des opérations à l’étranger.

Fort embarrassé, Vandeput vient d’annoncer qu’il ne pourra présenter son « plan stratégique » sur l’avenir de l’armée belge en avril, comme il l’avait initialement annoncé. Seuls les principes généraux de ce plan seront soumis « vers Pâques » au gouvernement. Les mesures d’exécution concrètes sont reportées à septembre, en vue d’une mise en oeuvre à partir du 1er janvier 2016. Le plan d’investissements sur dix ans est lui-même renvoyé à l’automne. Le grand flou sur la réduction des effectifs, sur la fermeture de bases ou casernes et sur l’acquisition de matériel va donc se prolonger plusieurs mois encore, alors que des chiffres circulent et que l’inquiétude grandit dans certaines localités où se situent des quartiers militaires, notamment à Florennes.

Le ministre de la Défense le reconnaît lui-même : sa marge de manoeuvre est nulle. Les économies déjà réalisées et le fait que près de 70 % du budget de la Défense sont affectés au paiement des salaires – pour 22 % aux frais de fonctionnement et le reste aux investissements – empêchent toute flexibilité budgétaire. Vandeput prévient qu’ « il y aura des choix difficiles à faire en matière de personnel et de capacité ». Il avertit aussi que sans rallonge pour les achats militaires, crédits extraordinaires que le gouvernement devrait libérer par le biais d’une loi-programme, la Défense ne s’en sortira pas. Parmi ces investissements, il y a le remplacement des frégates Léopold Ier et Louise-Marie, mais aussi et surtout, l’acquisition de nouveaux chasseurs-bombardiers appelés à succéder aux F-16 vieillissants. Soit 5 à 6 milliards d’euros. Sans compter le coût d’entretien des avions : il atteindrait, pour une petite quarantaine de F-35 – l’avion américain qui a les faveurs de l’état-major -, 283 millions d’euros par an, d’après les chiffres publiés aux Pays-Bas, qui ont commandé 37 appareils. Une addition salée, qui s’ajoutera au coût d’entretien des futurs avions de transport A300M, plus onéreux que celui des C-130 actuellement en service.

Le dossier dans Le Vif/L’Express de cette semaine. Avec les réactions de Benoît Hellings (Ecolo), Georges Dallemagne (CDH), Denis Ducarme (MR), Patrick Descy (CGSP-Défense) et Joseph Henrotin (Centre d’analyse et de prévision des risques internationaux).

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