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La production des vaccins contre la Covid, enjeu stratégique déjà malmené (analyse)

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

La moitié seulement des doses promises par Pfizer serait livrée d’ici la fin de l’année. Cela confirme que la production sera un point très sensible. Et cela explique la prudence des autorités belges.

La campagne de vaccination des Belges contre la Covid devrait débuter le 5 janvier. Tout est mis en place pour que notre pays soit prêt, avec la présentation du plan de vaccination, jeudi. Mais, car il y a un mais, et il est de taille. Lors du débat à la Chambre, jeudi après-midi, le Premier ministre, Alexander De Croo (Open VLD), et le ministre de la Santé, Frank Vandenbroucke (SP.A), ont tenu à être prudents en affirmant que « cela pourrait predre du temps ».

Le premier écueil pourrait être le feu vert que doit donner l’Agence européenne des médicaments (EMA) aux différents vaccins. Pfizer-BioNTech et le laboratoire Moderna ont déposé mardi, leur demande d’autorisation en urgence. Le verdict devrait tomber d’ici le 29 décembre pour le premier et le 12 janvier pour le second. La pression est grande et il ne s’agit pas de tergiverser sur la sécurité, ont promis les autorités belges, qui ont mandaté leurs représentants en ce sens.

Pourtant, ce n’est pas de là que devrait venir le retard principal, même si les Britanniques ont pris les devants en autorisant le vaccin Pfizer avant tout le monde.

Le deuxième écueil, autrement plus sensible, est la capacité de produire les milliards de doses commandées en un temps record dans le monde entier. Le risque, là, est déjà perceptble que l’on accumule les retards. Selone une information du Wall Street Journal, ce matin et relayée par Het Nieuwsblad, la société Pfizer et son partenaire allemand BioNTech ne pourraient finalement produire que la moitié des vaccins promis d’ici la fin de l’année: 50 millions eu lieu des 100 millions promis. Les raisons en seraient le retard dans l’acheminement des matières remières et dans la durée prolongée de certaines études cliniques, selon le quotidien.

Le Royaume-Uni, qui débutera sa campagne de vaccination avant tout le monde, devraiit dès lors recevoir moins de doses que prévu cette année. Mais l’impact pourrait aussi ressurgir sur l’Union européenne (qui a fait la commande) et la Belgique: notre pays a commandé cinq millions de doses, mais ce sont celles qui devraient recevoir en premier l’aval européen et, donc, servir au début de la vaccnation promise le 5 janvier.

Il est évidemment difficile de préjuger de l’évolution de ce processus de production, mais il semble inévitable que des couacs sont à attendre tant il s’agit d’une opération logistique sans précédent. De là à dire que l’on pourrait revivre ce qui s’était produit lors de la saga des masques de protection, avec un marché sous tension et des pays n’hésitant pas à… détourner des commandes pour être les premiers servis, il y a un pas que la coopération européenne devrait empêcher. Mais des difficultés en sont pas à exclure. Et les autorités belges semblaient, hier, déjà nous alerter en ce sens.

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