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La presse écrite principale cible des plaintes au Conseil de déontologie journalistique

Le Vif

Cinquante-quatre dossiers de plaintes ont été ouverts durant l’année 2013 auprès du Conseil de déontologie journalistique (CDJ), est-il ressorti mardi du rapport annuel de l’organe d’autorégulation de la presse francophone. L’année 2013, qualifiée de « dense » et « passionnante », a également été marquée par la publication d’un nouveau Code de déontologie et la reconnaissance de la compétence du CDJ pour les journalistes et médias visant la Communauté germanophone de Belgique.

Les dossiers de plaintes apparaissent en augmentation quasi constante depuis plusieurs années, observe le CDJ, qui s’attend à une accélération du processus dans un futur proche. En 2010, 42 dossiers avaient été ouverts, puis 50 en 2011, 48 en 2012, et 54 en 2013. Ce chiffre ne représente pas l’entièreté des appels au CDJ, 18 plaintes n’ayant pas mené à l’ouverture d’un dossier l’année dernière, par manque de réel enjeu déontologique.

Quant à l’objet des plaintes, « 2013 confirme le renversement observé en 2012 », indique André Linard, secrétaire général du CDJ. « Si les plaintes visaient précédemment surtout l’audiovisuel, la plus grande part concerne depuis 2012 la presse écrite. »

Le groupe Sudpresse est la principale cible: 22 dossiers sur 54 le concernent, dont 7 plaintes ont été déclarées fondées (en tout ou en partie) par le CDJ tandis que 9 autres étaient encore en cours à la fin de l’année 2013. La RTBF est également régulièrement citée. Onze plaintes reçues en 2013 visaient les activités audiovisuelles (hors internet) du média public, dont quatre ont été déclarées irrecevables et deux autres non-fondées. Deux d’entre elles ont été classées sans suite, deux étaient encore en cours de traitement en fin d’année. Une dernière a fait l’objet d’une médiation, une procédure que le CDJ entend favoriser. « Les cas de médiation aboutie sont présentés de façon anonyme dans les rapportes annuels, ce qui facilite la reconnaissance par le média d’une éventuelle erreur de sa part », note le CDJ dans son rapport. « Une telle solution amiable (…), en favorisant le dialogue, contribue indirectement à l’éducation aux médias », observe également l’organisme.

« On peut se réjouir de l’accroissement des plaintes », estime André Linard, qui tire un bilan résolument positif de l’année écoulée. Il y voit l’effet d’une plus large connaissance du CDJ auprès du public, dans la lignée de la mission d’information de l’organisme. « Le nombre de plaintes n’est pas représentatif de la qualité du média », insiste-t-il. Ce nombre serait même, dans certains cas, lié au niveau d’exigence du public, selon André Linard. « Dans beaucoup de plaintes visant la RTBF, on retrouve par exemple l’idée que ‘ce n’est pas acceptable de la part d’un média public que l’on finance en tant que citoyen’. En revanche, les chaînes télévisées du groupe RTL n’ont fait l’objet d’aucun dossier de plainte en 2013. »

Plus de 80% des plaignants sont des particuliers, « de plus en plus souvent des personnes elles-mêmes concernées par l’information ». Dans trois cas, le CDJ s’est saisi lui-même d’une éventuelle entorse à la déontologie journalistique.

Du bilan général du premier mandat du CDJ (2010-2013), il ressort que les plaintes ont connu une évolution aussi bien quantitative que qualitative. « Les plaintes sont progressivement plus sérieuses, moins superficielles. (…) Plus qu’avant, les plaintes soulèvent de bonnes questions et demandent un traitement d’autant plus approfondi et plus rigoureux », peut-on lire dans le rapport annuel. Parmi les avis rendus par le CDJ chaque année, une proportion croissante (43% en 2013 pour 29% en 2010) déclarent d’ailleurs la plainte fondée. Les fautes invoquées se concentrent autour de trois thèmes: une information « partielle ou partiale », non vérifiée, ou une « diffamation ».

Si le CDJ est de plus en plus sollicité, son équivalent flamand, le Raad voor de journalistiek, a connu une baisse du nombre de dossiers en 2013. Avec 38 nouveaux dossiers de plaintes, le Raad voor journalistiek a eu moins de travail que l’année précédente (62). Une différence linguistique dont le CDJ ne trouve pas d’explication.

L’année 2014 devrait être marquée par la poursuite de la tournée des rédactions entreprise par André Linard, qui souhaite présenter dans chaque média le Code de déontologie finalisé en 2013. Le secrétaire général a également été sollicité par la France, intéressée par le modèle du CDJ, dont il n’existe pas d’équivalent dans l’Hexagone. Le Conseil de déontologie journalistique y voit une preuve d’un fonctionnement équilibré, même si l’organe ne cache pas devoir faire face à plusieurs enjeux et questions perpétuels, concernant entre autres le caractère non contraignant de ses avis et la représentation de la société civile parmi ses membres.

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