Carte blanche

« La pollution de l’air à Bruxelles est une réalité, pas une fatalité! »

Depuis plusieurs semaines, de nombreux parents d’écoles bruxelloises se mobilisent chaque vendredi pour dénoncer la mauvaise qualité de l’air dans leur ville et réclamer des mesures concrètes. Ils sont inquiets, à juste titre, au regard des résultats des campagnes de mesure alarmantes effectuées par le Bral et par Greenpeace.

Dans le cadre de leur campagne « NO2 Pollution », menée avec plus de 150 volontaires, Ecolo et Groen ont également mesuré la qualité de l’air dans 12 communes bruxelloises entre février et mars 2018. Les résultats obtenus, après validation scientifique, ne devraient malheureusement pas les rassurer… 36 points de mesures dépassent la limite européenne (40 μg/m³ de dioxyde d’azote-NO2), limite qui se situe déjà au-delà de la moyenne annuelle recommandée par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS).

Ces résultats tentent de compenser le manque d’informations données par la Région qui ne compte que 9 stations de mesure. Ils confirment que la pollution est trop présente à Bruxelles et qu’elle ne s’arrête malheureusement pas aux portes de lieux sensibles tels que les abords d’écoles, les crèches et autres maisons de repos ou hôpitaux.

Heureuse coïncidence, au moment de communiquer nos résultats, la ministre Fremault annonce la fin du diesel pour 2030. Dans 12 ans, soit le temps d’après une nouvelle génération d’enfants. C’est un pas dans la bonne direction, c’est certain, mais cela reste un objectif de long terme, et surtout très hypothétique dès lors que le Ministre-Président a directement temporisé. Le Gouvernement bruxellois en restera donc au stade d’une vague promesse comme réponse à une urgence réelle…

La pollution de l’air est une hydre à plusieurs têtes qui nécessite des actions concrètes, conjointes et transversales.

Ecolo et Groen plaident pour des zones d’air pur préservées d’un trafic routier intense et polluant, disposant d’un bâti bien isolé et équipé de technologies de chauffage performantes. En outre, la zone de basses émissions (LEZ) bruxelloise entrée récemment en vigueur doit être renforcée, notamment avec un dispositif de tarification zonale. À défaut, son effet se limitera à substituer à des véhicules très polluants des véhicules qui le sont moins, sans rien résoudre à la congestion automobile et à la dégradation de l’air qu’elle engendre.

Good Move…Good health?

Le Plan régional de mobilité « Good Move » est toujours dans les limbes. Il est annoncé pour 2019… Nous demandons que, contrairement à ce que les travaux préparatoires laissent présager, ce plan ne propose pas seulement une nouvelle gestion des flux automobiles, mais qu’il se donne pour ambition de réduire drastiquement la pression automobile et qu’il offre des alternatives efficaces, crédibles et de court terme à la voiture individuelle.

Plus de vert

Arbres et arbustes sont des pièges à particules et des rafraîchisseurs naturels. En ville, les arbres et les arbustes capturent les particules fines et la pollution de l’air, dont ils peuvent réduire la concentration de 60 %. Plus les arbres et arbustes sont proches de la source de pollution, plus leur capacité de purification est élevée. Nos résultats le confirment. Ecolo et Groen demandent la création d’une ligne budgétaire spécifique « Arbres pour un air pur » dotée de 200.000 à 500.000 euros par an, destinée à la plantation ciblée d’arbres pour lutter contre la pollution de l’air.

Citizen science

La lutte contre la pollution de l’air n’est pas simple et les solutions ne sont ni uniques ni faciles, mais elles sont à notre portée

Enfin, l’enthousiasme des Bruxellois à participer à notre campagne de mesure est frappant. Les citoyens sont préoccupés par la thématique de la pollution de l’air et souhaitent devenir des acteurs dans ce dossier. Le Gouvernement bruxellois devrait associer ces citoyens et organiser, sur base structurelle, un réseau de mesure NO2 Pollution. Les points de mesure doivent être multipliés afin d’obtenir une vision plus correcte de la problématique et d’offrir un réel outil de pilotage politique en matière de pollution de l’air, dans nos quartiers comme aux points noirs identifiés. La lutte contre la pollution de l’air n’est pas simple et les solutions ne sont ni uniques ni faciles, mais elles sont à notre portée.

Arnaud Pinxteren (Ecolo)

Annemie Maes (Groen)

Députés bruxellois ECOLO

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